jeudi 4 août 2022

Habiter / Vivre : ranger (encore)

 L'atelier inspirant de Nicolas de Stael
 
La canicule me confine pour une journée à la maison. Une fois le chien promené, il me reste juste assez d'énergie pour m'asseoir et considérer longuement le petit bureau rouge dédié au dessin et à l'administration. 
 
A le découvrir si encombré, je décide de me mettre à élaguer : la table vermeil est parsemée de crayons et de carnets, la bibliothèque bien trop chargée de classeurs et de boîtes en carton dont le contenu me semble désormais vague (pourquoi lors de mes tournées régulières ai-je continué de les laisser en l'état ? Mystère et boule de gomme : une maison est un être vivant en constante évolution et dont la logique, qui devrait être la nôtre, nous échappe souvent).

Élaguer signifie aller à l'essentiel. Élaguer signifie aussi se délester pour pouvoir avancer. C'est oser choisir, oser se séparer. Ce n'est jamais une démarche anodine. 

Je débarrasse tout ce qui heurte mon regard et peu à peu la bibliothèque aux trois quarts vide retrouve son élégant fond grenat. Elle fait plaisir à voir. J'y dépose au compte-goutte des livres qui me tiennent à cœur, des livres à relecture. Je décide ensuite que ma PAL sera dorénavant horizontale, elle tiendra dans un casier de 45 centimètres, pas davantage : les livres supplémentaires devront aller se faire lire ailleurs. 
 
Quant aux classeurs contenant les notes de mes formations, je réalise que je reste très attachée à ce que j'ai appris en matière de bilans de compétences (les miens, ceux que j'ai accompagnés). Ce sont des témoignages qui allient la profondeur du contenu à la grâce du contenant (des esquisses, des photographies, des signets personnalisés). Les années ont passé, mais leur qualité les rend toujours agréables à parcourir. En revanche tous les documents concernant la Mindfulness, un domaine où je me suis formée essentiellement par l'expérience et très peu par la théorie, m'apparaissent à présent comme des tas de photocopies inutiles. On trouve suffisamment de ressources sur internet et dans quelques livres basiques. Quelques références suffiront dans des dossiers informatiques. Exit!

Je vire tous ces attrape-poussière, des kilos de papier rejoints par des enveloppes dépareillées, de vieilles boîtes déformées, des cahiers à moitié griffonnés, des cartes postales, vieux souvenirs ternis. Trop de choses privées de sens ont trouvé refuge ici. Je descends à la cave les justificatifs qu'apparemment il s'agirait de garder pendant dix ans (ce faisant, je me demande si vraiment il faut garder tous ces papelards une décennie. Qui a édicté ce genre de règle, quand et pour qui ? Il faudra que je me renseigne et qu'ils fassent l'objet d'un nouveau tri).
 
A la fin de la journée, le petit bureau pimpant est devenu stimulant. Éclairé par une fenêtre haute, c'est le seul endroit de la maison d'où on ne voit pas le lac. On peut y travailler sans être distrait par le paysage. Il donne à nouveau envie de s'attabler et de se mettre à l'ouvrage.

6 commentaires:

  1. Bonjour Dad. J'ai l'impression que tu parles de mon bureau (sourire). Il serait grand temps que je t'imite, car j'ai l'impression de m'être laissée envahir, un peu de tri (beaucoup) permettrait à l'énergie de mieux circuler dans cette pièce et je me sentirais sans doute mieux aussi dans celle-ci...
    Bon après-midi à toi, chère Dad, caniculaire chez moi...

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    1. Se laisser envahir, ce terme que tu emploies est très juste : on laisse les choses nous envahir au lieu de rester maîtresses du lieu. Du coup, on se sent comprimées, nos gestes deviennent routiniers et il reste peu de place pour la vie et pour que les énergies puissent circuler.
      Canicule ici aussi. Les oiseaux se font discrets Les arbres semblent découragés. Le hérisson vient se réfugier sous l'escalier pour trouver à boire. Espérons un peu de pluie pour demain soir. En attendant, la plus belle des soirées à toi.

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  2. Reprendre la maîtrise ! L'expression est dans les commentaires.
    C'est aussi le sentiment que j'ai eu il y a deux ou trois ans, quand je me suis décidé à virer la quasi-totalité de mes archives professionnelles, et Dieu sait si ça faisait des milliers de documents de toutes sortes… et pas que professionnels… il y avait des souvenirs de diverses natures auxquelles je croyais avoir un attachement indéfectible. Mais l'attachement était de mon côté. Pas du côté de ces « choses ». Et quel attachement d'ailleurs ?
    Le détachement est une richesse intérieure…
    j'en suis désormais persuadé.

    Je crois avoir compris que tu dessinais. Nous feras-tu un jour l'honneur de tes œuvres sur ce blog ?
    D'ailleurs j'entrevois un nouveau nettoyage par le vide pour cet hiver.

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    1. Oui : reprendre la maîtrise. Les choses devraient nous être utiles, nous aider et non nous peser. C'est le sens de l'élagage : ce que l'on fait pour les arbres, on devrait le faire pour nous, nos possessions, nos relations. Trop de branches mortes devenues inutiles accaparent notre énergie. Quant à l'attachement, plutôt que d'être attaché, on devrait se sentir relié. Et on peut être relié par le souvenir, la pensée, par des objets symboles, nul besoin de kilos de choses devenues...trop pesantes.
      Cela dit, les moments où on "lâche" ces poids ne sont jamais neutres . On le fait quand on a besoin de passer à autre chose. Ou quand on réalise que l'essentiel, on le porte en soi.
      PS : le dessin et la peinture sont des activités que je pratique totalement dans l'instant, très relaxantes, le résultat me permet de me connecter à moi-même et au monde. Oui, je pourrais les montrer ici, mais... les merveilles de la nature et de l'art ont toujours la priorité!

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    2. ... Et pourquoi ne donnerais- tu pas une priorité à ton art à toi ?

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