Arles 2022 / devant l'église des Frères-Prêcheurs
La ville idéale serait-elle déserte ? ou alors peuplée de lenteur et de battements d'ailes ? Si souvent, les villes me happent, m'attirent comme un puissant aimant. Leur énergie. Leurs palpitations. Mais tout aussi souvent elles me lassent, m'épuisent. Leurs éclats. Leurs exclusions. Dans leurs lits, très vite, je rêve de forêts et de messages drainés par le vent. En faisant mes bagages, au bout de trois nuits, quatre au maximum, je ressens un grand soulagement. Tandis que je les quitte, pourtant, j'éprouve des regrets. La ville idéale est un projet sans cesse recommencé où les richesses seraient un peu plus discrètes, un peu mieux distribuées.
On devrait construire les villes à la campagne car l'air y est plus pur, comme disait Alphonse Allais, qui par ailleurs était fasciné par le travail, disant qu'il pouvait rester assis à le contempler pendant des heures…
RépondreSupprimerBon, trêve de plaisanterie : je partage quelque peu tes impressions. La ville m'est de plus en plus fatigante. Est-ce moi qui vieillis ? Ses trépidations m'exaspèrent. Contrairement à ce qu'on proclame elle est de moins accessible aux Zhandis de mon espèce. On résume la question en place de parking aménagées… dans des quartiers interdits aux voitures…
J'habite une petite ville proche de tout. Une maison au calme, un chouette jardin, des voisins délicieux, Peut-être ai-je trouvé mon idéal… et je trouve encore le moyen de me plaindre !
Ce qui me surprend toujours quand j'arrive dans les villes, dont j'ai par ailleurs besoin pour leurs prestations diverses, culturelles ou autres, c'est l'appel à la consommation. Je suis toujours attentive aux personnes. Il me semble que quand tu es pauvre dans une ville, tu le ressens avec une particulière intensité. Tout te porte à dépenser de l'argent, à gaspiller tes énergies : les cafés, les restaus, les magasins, tout y est plus cher, plus stressant et plus clinquant. Si tu manques du nécessaire, si tu ne peux pas participer à cette course compulsive, tu ne peux que te sentir exclu. C'est d'une violence folle. Et pas seulement pour les clochards : pour les petits salariés, les Uber, les gens que tu croises au petit matin et qui partent bosser sans élan.
Supprimer(j'ai réécouté récemment une série de France culture réalisée en Grèce en 2015, en pleine crise. Une émission avait été enregistrée à Athènes, et une autre sur l'île d'Egine toute proche : la crise économique était vécue avec une intensité très différente selon le lieu. A la campagne tu peux vivre avec peu; en ville tu te sens très vite largué. Il me semble que rien n'a changé. Au contraire. Bon. Je te dis ça et j'imagine que bien des touristes passent sans faire attention à ce genre de "détails")