La vie que je vis ici me ravit.
Cette région, un peu en retrait, un peu snobée par le progrès et les autoroutes, où les enfants, dès qu’ils savent parler, disent bonjour et
ont des paillettes dans les yeux quand on leur tend une plaque de chocolat,
Cette région de forêts et de relations franches, où une vieille paysanne définit sa patience en disant :
« Y a encore des journées derrière la montagne »,
Cette région me comble.
Sauf que… quand le brouillard s’installe pendant des
semaines, grosse tranche opaque, entre deux morceaux de nuit, le sandwich finit
par me paraître indigeste.
Alors, je fuis ce beau plateau et m’en vais à la capitale.
J’y ai déniché dernièrement le café « Einstein au
jardin », qui occupe un minuscule encorbellement sur l’esplanade jouxtant
la cathédrale. Il est superbe, avec sa terrasse panoramique et ses confortables
couvertures grises. Dès la première fois, curieuse, je me suis tournée vers mes
voisins pour m’enquérir de la boisson qui fumait sur leur table.
« Ginger Limonade », me fut-il répondu.
Ah ! Qu’à cela ne tienne !
Je suis allée m’en chercher une, puis, l’ayant testée, l'envie m'a prise d’une deuxième. Et…
C’est ainsi qu’est née ma dernière addiction.
La
« Ginger Limonade », c’est tout à la fois simple, bon et, semble-t-il, revigorant (avec une nouvelle pièce de cinq francs, je suis allée observer les jeunes serveurs au bar):
Ils disposent de longues
tranches fines de gingembre dans un grand verre. Ils versent dessus de l'eau très chaude. Ajoutent le jus d’un demi-citron et une généreuse rasade de pur sucre de canne (eux utilisent la
marque Monin). Ils proposent aussi une tige de menthe, à mon avis tout à fait
optionnelle.
Ne reste alors plus qu’à déguster la divine boisson, face
aux toits de la vieille ville, qui épouse à cet endroit la courbe de l’Aar. Laisser ses pensées suivre les volutes, partant elles aussi vers le soleil tant espéré.
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