Anish Kapoor / Monumenta 2011 / Grand Palais
En
cette période précédant les Fêtes, les mains se tendent de toutes parts. On est
invité à être généreux, à partager. Donner pour ceci, donner en faveur de cela.
Longtemps, cela m’a culpabilisée, remise en question, exaspérée, et pour finir, je
donnais de guerre lasse, comme si je n’avais pas le choix, vu qu’il y avait souvent dans mon porte-monnaie de quoi répondre à la demande.
Cette
année, je me suis décidée pour un « non » franc et sincère. Cette
année, c’est "non", un "non" aimable, mais ferme. "non" au don sollicité, voire extorqué.
A
l’approche de Noël, si la solidarité est un sujet sensible, j'en suis un, moi aussi. Je me sais plus fragile. Mes défenses immunitaires (sur tous les fronts) se craquellent. Je me souviens. J’en souffre. J’en ai la larme à l’œil.
Les images normatives de la publicité, les articles
consensuels, les photos de grandes tablées familiales, viennent
me blesser là où ça fait toujours mal, et c’est juste à ce moment-ci que les
sollicitations pleuvent.
Mais
un don, tant qu'il est fait dans ces conditions, n’est ni spontané, ni
cordial, ni généreux. C’est une réponse à un racket gluant, une réponse qui ne
vise aucun bien, qui ne fait aucun bien, et ne revêt pas beaucoup de sens. Ainsi, on donne à contrecœur et à son corps défendant. Absurde, quand on y pense.
(sans parler du don pour se sentir bon, pour se racheter une bonne image de soi, brrr!)
(sans parler du don pour se sentir bon, pour se racheter une bonne image de soi, brrr!)
En
matière de solidarité sociale, c'est toute l'année que je me sens impliquée. Je paie mes impôts,
première véritable solidarité, rubis sur l’ongle, sans esquive d’aucune sorte, et bien
en avance sur les délais. Question soutien à des associations ou à divers mouvements, j’ai fait mes choix, rationnellement, et contribue à des causes que je sens justes, que j’ai à cœur de supporter. Pour le reste, je
me sens libre, enfin, de donner quand je veux, à qui je veux.
Donc, mon don
sera joyeux, spontané, fraternel, solidaire, apaisé. Ou alors, il ne sera pas.
C'est vrai ce que tu dis. On est manipulés de tous les côtés, il faut du courage pour être soi !
RépondreSupprimerBisous étoilés
¸¸.•*¨*• ☆
Comme c'est vrai. Pas vraiment un don mais l'achat de la paix de conscience, le plongeon dans les images gluantes de gens qui sont "plus malheureux que nous ce jour-là", "qui souffrent alors que nous faisons des repas Pantagruelliques". C'est aussi presque un geste de déni envers nos propres souffrances lors de cette période (que je crains pour mille raisons...), comme si on disait avec bravade "allez, moi je suis si bien, hop, je peux bien penser à qui ne l'est pas...." Je donne très peu moi aussi, d'une part je n'ai pas vraiment "les moyens", et puis je suis moi aussi excédée par cette obligation qu'on m'agite sous le nez...
RépondreSupprimerMerci pour ce partage, Edmée. Le don, je crois, ne doit pas nous détourner de nous-mêmes, il doit nous y ramener. Il doit faire partie de ce que nous avons de plus sincère, et être un élan naturel, vers les autres, parce qu’on sent que c’est juste, bien ainsi. Ce que je refuse, c’est de le lier à un magma de culpabilisations et d’obligations douteuses. Très beau dimanche !
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