dimanche 19 mai 2019

Regarder : donnant-donnant


 



Captures d'écran / Arte / Le cinéma dans l'oeil de Magnum
 
C'était une âme blessée qui se cognait n'importe où en cherchant dieu sait quoi.
 Dennis Stock, photographe à Magnum depuis 1951, à propos de James Dean
 
Dans un passionnant documentaire consacré aux collaborations de l'agence Magnum avec le cinéma - une belle leçon de photographie - on réalise le lien étroit qui existe entre celui qui regarde et celui qui est regardé. Rien à voir avec le paparazzisme. Personne ne vole rien à personne. Comme le dit la photographe Eve Arnold à propos de Marilyn Monroe : On l'a tous utilisée, ça ne fait aucun doute. Quand on est photographe, on doit accepter le fait qu'on a besoin de l'image des autres. Bien sûr, sans la photographie, Marilyn n'aurait jamais été Marilyn. Car c'est ainsi que beaucoup de gens l'ont découverte. C'est un cercle vicieux. Tout le monde utilise tout le monde. Elle m'a utilisée pour aller là où elle voulait aller, comme tant d'autres. Je n'étais unique que parce qu'elle me faisait totalement confiance.
Explorant ce lien donnant-donnant, on découvre quelque chose de frappant : l'aspect visionnaire de ces concentrés de regard. L'avenir du passé est contenu dans les clichés. On observe. On scrute. On se dit qu'un bon portrait contient la vérité des êtres et, sans doute aussi, quelque chose de leur destin.

Le cinéma dans l’œil de Magnum / Arte / rediffusion le 22.05.19  

7 commentaires:

  1. Une photo en dit long sur la personne. Moi, il est rare que j'aime me voir sur les photos, mais c'est peut-être que je n'ai pas trouvé le bon photographe (sourire). Une photo, c'est très intime, et si l'on n'est pas à l'aise avec celui qui prend la photo, la photo ne sera pas belle, ou alors, et je parle pour moi, on aura un regard tendu, crispé, fermé. Sourire à la demande, je ne sais pas, c'est une grimace que je fais. Les seules photos que j'aime de moi, sont celles prises sur le vif, sans que je m'y attende, alors là je n'ai pas le temps de me crisper. :-)

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  2. Je dois t'avouer une chose : j'aurais adoré faire ce métier. Être photographe et pratiquer l'art du portrait. Le travail de l'agence Magnum, c'était : accompagner, accompagner longtemps, être là et shooter au bon moment. Ce regard intense et effacé tout à la fois, cette mise en confiance qui doit permettre à l'autre d'être lui-même, cette observation fine, cette manière de laisser le sujet exprimer son naturel me fascinent.
    D'après ce que tu racontes, tu n'aimes pas jouer un jeu, faire semblant, faire de la figuration. Avec toi donc, pas de cinéma. Quand tu oublies qu'on te regarde, tu redeviens naturellement toi. Permettre ça, je crois, c'est la mise en confiance. Pas facile, c'est une sacrée compétence : Ne rien forcer. Ne rien voler. Laisser venir (ou pas). Tout un art : l'art des vrais photographes. Quand le sujet comprend que l'autre n'utilisera pas, ne profitera pas, ne divulguera pas quelque chose contre soi.
    Belle fin de soirée, Françoise.

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    1. Non, avec moi, pas de cinéma, Dad. Je ne sais même pas me mettre un pseudo, j'aurais l'impression que ce n'est pas moi. :-)

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  3. Je te comprends : DAD a presque toujours été mon identifiant professionnel. Mais... le pseudo n'est pas forcément un masque de théâtre. Il peut être un écran, qui te permet de t'exposer, sans te cramer (un peu comme un Avène 50). C'est toujours bien toi qui es dessous, mais tu ne prends pas les coups. Et aussi, plus les gens te connaissent, te reconnaissent et plus tu tends vers du consensuel, vers du lissage, vers la modération, vers une sorte d'autocensure (je parle pour moi). J'y vois une perte de liberté, c'est pourquoi je ne veux pas que des gens de mon entourage lisent ce blog. Et je remarque que le blog qui est à mon nom est beaucoup plus sage et normé.
    Belle soirée, Françoise.

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    1. Oui, je sais tout cela, Dad. Je me censure bien souvent. J'ai d'ailleurs créé un blog privé, rien que pour moi, pour déverser ma colère ou ma tristesse lorsque j'en ai besoin, mais finalement je n'écris guère là-bas, je crois bien que je vais le supprimer. Quand il n'y a pas d'interactions, c'est moins intéressant, on tourne en rond en quelque sorte.
      Bel après-midi à toi, Dad.

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  4. J'ai une passion pour Rilke, qui écrit au jeune poète "Demandez-vous : dois-je écrire ? (...) Et si la réponse est positive, alors construisez votre vie selon cette nécessité". Ecrire est pour moi une nécessité. Donc… j'écris mon journal, j'écris de la poésie, j'écris mes blogs et je n'ai jamais l'impression de tourner en rond, avec ou sans réactions. Je ne peux pas tourner en rond, parce que j'ai une direction : c'est l'expression du réel par l'écriture. Je n'attends pas de lectorat et je n'attends pas de réponses de mon lectorat (quand on me fait un retour sensible ou pertinent, attention, je suis preneuse, mais je ne suis pas dans cette attente). Donc… mon blog existerait quand même, je le continuerais même sans commentaires parce que j'ai besoin d'écrire.
    Les textes se pressent, parce qu'ils ont besoin de sortir. Je ne connais pas l'angoisse de la toile blanche. Les mots viennent et je les dépose.
    Il faut dire que ma formation en "blogologie" me vient de deux femmes, cultivées, sincères et indépendantes, suivies pendant longtemps, qui n'avaient presque pas de commentaires sur leurs blogs respectifs. J'ai donc appris qu'on pouvait écrire sans rechercher d'amis, de réponses ou de connections. Il m'est arrivé de tomber sur des blogs où les choses sont différentes : ils semblaient être des supports, des prétextes à des contacts. Toutes les raisons se valent, mais ces blogs-là ne me correspondent pas. Du reste, je suis très peu de blogs personnels, pas plus d'une douzaine je pense. Et je ne commente que quand j'ai quelque chose à dire. Je ne cherche pas de conseils, des consolations ou des amis à tout prix, mais en revanche si je trouve des sensibilités proches de la mienne, je suis ravie.
    Et je te remercie, Françoise, car te répondre m'a permis de clarifier quelques idées. Très belle soirée.

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    1. J'aime bien ta réponse, Dad. Il y a beaucoup de sagesse dans tes mots, dans tes commentaires et tes billets, c'est sans doute pourquoi j'apprécie de te lire. Je ne suis pas non plus dans la recherche d'un lectorat, mais j'avoue que j'aime bien avoir des retours sur ce que j'écris. J'ai dit "tourner en rond", mais ce n'est pas les mots que j'aurais dû utiliser, j'aurais dû dire que j'aime avoir l'avis, l'expérience des autres, car c'est cela aussi qui me fait avancer. Comme lorsque je te lis, tu m'apprends beaucoup. Pour cela, je te remercie.
      Très belle soirée à toi aussi, Dad.

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