Autoportrait avec portfolio / Jens Juel / SMK / Copenhague
Les pas. La démarche. La manière de se mouvoir, de déambuler, ce sont aussi des manières de voyager. En disponibilité, le corps peut retrouver son rythme, son assise, ses droits. Le corps peut dire : voilà ce que je suis, au fond de moi. Je ne suis pas seulement ce corps asservi, qui se dépêche tous les matins dans les transports en commun, les magasins. Je ne suis pas seulement ce corps qui s'agite, qui s'excite, qui s'énerve à propos de tout et pour trois fois rien. Je suis aussi ce corps qui apprécie de s'asseoir et de regarder les gens passer. Je suis ce corps qui se retrouve dans une belle stabilité (ou dans l'inactivité).
Mais, même partis en vacances, tous les corps ne sont pas des vacanciers. Ainsi, à l'aéroport, dans le hall du retour, cet homme, jeune, irrité par le retard annoncé, qui réagit au quart de tour, tapote pour tenir qui de droit informé, promet à ses enfants un MacDo, part en se dépêchant, revient en courant, s'enquiert : des nuggets ? et la sauce avec les nuggets?, disparaît, réapparaît, agite ses trouvailles sous le nez de sa famille, renverse son coca, salit, se fout de salir, se fout de la corbeille juste à côté, il n'a pas ingurgité la dernière bouchée qu'il est déjà en train de vitupérer pour exiger son droit à la priorité, cet homme, abandonnant sous son siège trainées de ketchup et sacs déchirés, cet homme, qui brandit sa Breitling comme un trophée, cet homme, son corps, où donc l'a-t-il oublié ? combien de temps encore avant que son corps le blâme, se fâche et le lâche ?
Un malotru celui-là! Et il y en a tellement. J'aime cette idée du corps en voyage. De plus en plus, pour moi voyager, c'est marcher. Certes pour atteindre certains endroits, il faut une voiture, un train, un bateau ou un avion. Mais ensuite je pose mes valises, sort mes salomon, cherche une carte, ausculte le net et pars ensuite à la découverte des chemins. Le corps se détend, l'esprit médite et les yeux contemplent. La lenteur de la marche me permet de me retrouver. J'ai mon itinéraire pour demain. Il fera beau. Et puis un bon petit verre de barolo ce soir me permettra de passer une bonne nuit. Bises des colinnes. 😊
RépondreSupprimerLe corps est tellement différent quand il se sent en vacances, quand il relâche la pression. On sent en soi remonter une énergie oubliée, des impulsions enfantines, des pas de danse, une jolie verticalité. Retrouver son corps, c'est aussi se retrouver (le signe de vacances réussies).
RépondreSupprimerMmmm... le Barolo... un indice... toi, tu vas aller sillonner les collines des Langhe dès demain. Je t'imagine bien crapahuter du côté de Sinio ou Bossolasco, ou Dogliani là où le Dolcetto est si délectable... Bonne soirée, belle marche demain!