lundi 18 novembre 2019

Vivre : plongée, contre-plongée


La Sainte famille (détail) / Jacob Jordaens / Museu Brukenthal / Sibiu

La dépression : on est tellement happé au-dedans de soi qu'on ne s'intéresse plus à rien d'autre.
L'émersion : on trouve enfin la force de prendre sur soi pour s'intéresser -vraiment- aux autres. 
 

6 commentaires:

  1. Coucou ma Dad. Avant de pouvoir s'ouvrir aux autres, il faut déjà être bien avec soi-même. Et c'est tellement difficile d'être bien avec soi: savoir dire non, fixer des priorités en fonction de ses besoins et non pas ceux des autres, faire des choses qui nous plaisent (professionnel et non professionnel), apprécier les moments où on est seul mais ne pas rejeter ceux où on est plusieurs... Un vaste programme.

    Alors quand on s'enfonce dans la déprime, voire la dépression, tout ce cheminement devient bancal, ardu, éprouvant. Et on n'y arrive plus, tout simplement. Il y a de bons thérapeutes qui font un travail extraordinaire et qui prescrivent des médicaments de manière parcimonieuse. Combien de gens ai-je rencontré qui prennent des antidépresseurs pour presque rien?? et qui s'y habituent, petit à petit, sans savoir que plus le temps passe, plus il leur sera difficile d'arrêter?

    Donc tout cela pour dire que l'émersion, ce serait: "on trouve enfin la force de prendre soin de soi et de prendre sur soi pour s'intéresser vraiment aux autres".

    Bises de plaine qui toussotent...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La dépression est un méchant tourbillon qui conduit à rester autocentré, sans s'occuper adéquatement de ses besoins, et encore moins de ceux des autres. Plus l'on se sent mal, plus l'on se sent autorisé à s'intéresser à soi. Le paradoxe, c'est que plus l'on est autocentré et moins on parvient à s'occuper de soi.
      L'autre paradoxe, c'est que regarder autour de soi, se décentrer dans un premier temps, peut permettre de se recentrer adéquatement. Combien de gens à deux doigts d'en finir, qui ont été sauvés par le fait de s'occuper de plus malheureux qu'eux ? (le fameux exemple de l'abbé Pierre qui demande à un ami suicidaire de venir lui donner un coup de main). S'intéresser aux réalités des autres est une manière de relativiser les siennes, de les remettre à leur juste place. Ça ne veut pas dire s'oublier, s'épuiser ou se maltraiter. Ça veut dire regarder ce qui nous entoure pour prendre la mesure de ce qui est. A partir de cela, accorder à chaque chose sa juste place. Une question de balance et d'équilibre. Un va-et-vient, une démarche qui demande de la force. Oui, la force d'être présent pour regarder le monde et les gens qui nous entourent.
      Et, oui, je suis d'accord avec toi, pour trouver la force d'émerger, il est nécessaire de trouver les bonnes personnes (des accompagnateurs, pas forcément des prescripteurs).
      J'espère que ta toux va se calmer et te souhaite une belle après-midi, chère Dédé.

      Supprimer
  2. "plongée, contre-plongée", vie, mort... tout est complémentarité Yin, Yang.

    Dis donc Dad, tu as visité mon pays :)
    Je ne suis jamais allé à Sibiu, pourtant ma tante habite à Brasov... assez jolie vile, surtout le vieux centre.
    Bonne soirée. Bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, probablement que tout est complémentarité. Il faut avoir plongé pour connaître le bonheur de remonter à la surface.
      Et non, hélas, je ne connais pas Sibiu, c'est la toile de Sibiu qui se trouvait à Lausanne pour une expo, cette année. Quant à Brasov, ZB, mon fils m'en a parlé. Il paraît que c'est une des plus belle ville du monde! Mais je n'y suis jamais allée. Belle aprèm!

      Supprimer
  3. La dépression, il est dur d'en sortir... à moins de trouver quelqu'un qui trouve les bons mots pour redonner l'envie de vivre. Mais il est tellement plus facile de donner des anti-dépresseurs à tout-va plutôt que de prendre du temps pour écouter. Et puis les gens ne savent pas patienter. S'il y a dépression, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas, qu'il y a quelque chose à changer. S'il n'y a pas prise de conscience de cela, une fois la cure d'anti-dépresseurs terminée, la dépression reviendra. La dépression peut aussi être issue d'une trop grosse fatigue, je pense notamment à l'un de mes cousins, plus tout jeune, qui, cet été, lors de la canicule, n'a pas su se poser, s'arrêter (il est berger mais aide aussi ses frères fermiers, il est l'aîné de la fratrie) et qui a fait une très grosse déprime. Le médecin l'a mis évidemment anti-dépresseurs. J'ai beaucoup discuté avec lui en fin d'été, il habite la maison juste à côté de ma petite maison bleue, et je m'y trouvais alors. Il s'est rendu compte, en effet, qu'il n'était plus tout jeune, et qu'il ne pouvait plus tout faire ce qu'il faisait avant, qu'il fallait l'accepter. Je l'ai revu depuis, il va beaucoup mieux. Tant mieux car sincèrement je me suis faite du souci pour lui lorsqu'il me disait qu'il comprenait les gens qui se suicidaient. Il m'a dit aussi qu'il fallait y passer pour comprendre ce que les autres pouvaient endurer, et que lui-même, avant, trouvait que ces gens-là exagéraient. Comme quoi, tant que l'on n'a pas connu la situation, il est dur de la comprendre. Ce qui l'a aidé à en sortir, j'en suis sûre, c'est qu'il en parlait beaucoup autour de lui, il ne l'a pas gardé pour lui, il le verbalisait et les gens à qui il s'adressait, l'écoutaient sans le juger. Et ces mêmes gens ont su lui dire les mots dont il avait besoin. Je pense qu'il avait une certaine culpabilité à ne pas pouvoir aider davantage ses frères à la ferme. Enfin, voilà ce que m'ont inspiré tes lignes, ma chère Dad. :-)
    Bel après-midi à toi et à tes visiteurs.

    RépondreSupprimer
  4. Les anti-dépresseurs sont certainement utiles pour faire face dans un premier temps. L'essentiel est de ne pas rester prisonnier de leur usage.
    Quant à trouver la force d'émerger, il n'y a pas de règle, je pense : parler, échanger avec d'autres, dessiner, s'exprimer par l'art, communiquer avec la nature, recourir à un thérapeute, mille chemins pour trouver les voies qui mènent au sens, parvenir à récupérer la force de remonter le méchant tourbillon qui entraîne vers le fond.
    Une dépression a toujours une raison, un sens qu'il s'agit de comprendre. Et une fois qu'on a accédé à cette compréhension, grâce aux mots des autres, ou grâce à sa propre créativité, on peut émerger, se décentrer, poser un regard présent sur le monde et les gens autour de soi.
    Quant à juger, dans quelque domaine que ce soit, voilà une activité bien stérile, qui ne mène vraiment, mais vraiment à rien et certainement pas au sens...
    Belle après-midi, lumineuse et intense à toi!

    RépondreSupprimer