vendredi 19 juillet 2019

Vivre : Still life / 74




Les fours se trouvaient au centre de la communauté, une sorte de village isolé, avec des airs de western et de colonie sauvage. André préparait plusieurs fois par semaine le pain proposé sur les marchés des alentours. Il nous a vendu une miche qui nous a tenu une semaine, faisant le bonheur de nos petits-déjeuners et des chevaux que nous allions saluer tous les matins à l'aube, P. et moi.
André s'adonnait également à la céramique. Il ne faisait nullement l'article, ne parlait pas de ses  nombreuses formations, de ses voyages en Corée et au Japon, baissait les yeux quand on admirait les vases et les créations. Ses mots étaient plus rationnés que l'eau des rivières émaciées de la région. On était à mille lieues des boutiques et de leurs rosaires de boniments.
J'avais besoin de deux bols, objets essentiels de mes journées. Le thé, le lait chaud, les fruits. Il en restait quatre sur une planche en bois, que j'ai longuement tenus entre mes mains. J'ai fait mon choix en silence.
André nous en a demandé un prix dérisoire, puis, allant à l'essentiel, il s'en est retourné faire son pain.

4 commentaires:

  1. Les vrais artistes sont souvent ceux qui savent se taire et laisser parler leur art à leur place, que ce soit du pain, des bols ou autres. ;-) Bises alpines. Beau WE, je vais aller rendre visite à mes parents et dimanche, chanter le ranz des vaches dans les arènes. ;-)

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  2. Oui, cela fait du bien de rencontrer des gens qui n'ont pas la grosse tête. Tu rentres donc dans le ranz ? dimanche ? tu donnes de la voix ? Belle journée, beau spectacle, ma belle, profite de ce moment éblouissant en famille. On m'a dit le plus grand bien de la version 2019. Tu nous raconteras peut-être ? En photos ?

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  3. Pas de possibilité d'avoir l'appareil de photo dans les arènes. Et plus tellement le coeur à la fête. Je viens de perdre ma tante qui s'est tuée en montagne... la vie est vraiment quelque chose de ténu. Bises alpines (Mais je suis fâchée contre les montagnes...)

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  4. Oh... attristante nouvelle... j'imagine la brutalité de l'événement... quel choc... pour vous tous, pour les proches... je comprends le chagrin de ton cœur ébranlé... toute ma sympathie en ces heures qui cognent...

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