dimanche 18 août 2019

Regarder : à hauteur d'enfant


La visite au grand-père (détail) / Julius Exner / SMK / Copenhague

En apparence, rien de particulier, ni d'exaltant dans ce tableau. Attaché à peindre des scènes de la vie quotidienne, Exner raconte un événement en apparence banal : dans un intérieur rural de la campagne danoise au milieu du XIXème siècle, une scène de vie familiale, une visite rendue à un vieux paysan. Il y a pourtant ce regard d'enfant, dans lequel on lit la timidité, l'inquiétude, le besoin d'être rassuré et apprivoisé. Et en le regardant, cet tout petit enfant (un petit garçon ? une petite fille?), on sent remonter en soi des souvenirs de craintes passées, quand le monde était si grand, peuplé de loups et de géants, et qu'on avait vraiment besoin d'une main à ses côtés pour oser s'avancer (à vrai dire : on serait plutôt allé se réfugier dans des jupons familiers).
On se dit que le peintre a fait de ce petit visage le véritable sujet de son tableau, celui vers qui convergent tous les regards, y compris celui du spectateur. Il a usé de tout son art pour dépeindre les émotions de l'enfant, jusqu'à cette menotte gauche, qui, dans l'ombre, se raccroche à un pan de son vêtement.
La qualité des œuvres, le talent de leur créateur tiennent à la palette, au sens de composition, au traitement des ciels, des drapés, des incarnats. Elle se confirme dans la grâce de certains détails, tout petits parfois.
Considérer toujours une toile en deux temps : à distance, appréciant l'ensemble, et puis de près, toujours plus près, comme si on suivait la main qui peignait. 

 Image tirée du site officiel du SMK / Copenhague

4 commentaires:

  1. Tu as raison, ce visage d'enfant est très expressif. Tous les regards convergent vers lui et lui regarde le vieil homme, interrogatif, voire un peu apeuré. C'est un beau détail de ce tableau que tu nous présentes. Avec toi et les illustrations de tes billets, je découvre toujours des petites choses que je n'avais pas forcément vu en regardant l'ensemble du tableau. C'est comme la vie. Quand on la regarde de manière générale, on peut se dire qu'elle est difficile, injuste parfois, belle à d'autres moments. Quand on regarde les petits moments de bonheur, tout prend une autre dimension. Bises alpines un peu venteuses. Le temps va changer demain pour la rentrée.

    RépondreSupprimer
  2. ah les rentrées suisses... pour autant que je m'en souvienne il pleuvait toujours au retour des vacances d'été, des averses, des trombes, comme pour me punir d'avoir profité avec insouciance de l'été au Sud. C'était... pénible. Mais! très vite, les merveilleuses journées d'automne commencent (oui : on est en Suisse, l'automne commence le 21 août!). Demain sera une journée un peu délicate, sans doute, mais ça passera. Tu garderas en mémoire les belles images de cet été, tu penseras à tes projets, petits et grands, tu auras déjà l'idée de ton prochain billet et... la réalité professionnelle regagnera la place qui lui revient. Ni plus. Ni moins. Belle soirée. Douce nuit.

    RépondreSupprimer
  3. C'est vrai que le visage de cet enfant est empreint de crainte et de timidité. Que lui dit ce vieux monsieur qui a l'air pourtant si gentil ? Et que lui la dame qui lui tient la main ? Des mots rassurants sans doute. Avec les tableaux, nous pouvons nous imaginer une histoire, une histoire qui pourrait ressembler à certains pans de notre vie à nous, de notre enfance, et c'est pour cela que nous sommes si touchés, émus en les regardant.
    Belle journée à toi, Dad. Chez moi, la nuit dernière, il y a eu de l'orage. Ce matin, il a passé mais il pleut. Tant pis, nous ferons avec la pluie. Il y a pire comme situation. Bises humides.

    RépondreSupprimer
  4. Les enfants sont souvent dans cette situation : obligés de faire avec un monde qui plonge sur eux. La toile dans son ensemble montre bien la différence de taille entre les personnages. Se plier à genou face à un petit pourrait être un bon réflexe en tant qu'adulte (de plus : excellent pour nos articulations!).
    Oui, de la pluie, si douce pour les plantes, si pénible pour ceux qui entament leur rentrée... Très belle et très bénéfique journée, chère Françoise!

    RépondreSupprimer