mercredi 7 août 2019

Voyager : l'été en suspension


 Avigliana

Nous avons roulé pendant des kilomètres, traversant des localités aux rues désertes, aux devantures fermées. Partout, on se serait crus à Ghost city. Partout, des stores baissés sous la lumière violente de l'été. Partout, pas un chat, ou alors, un seul chat, perdu, désorienté. Partout, un oiseau muet, survolant un pré. On se demandait où les habitants avaient bien pu passer.
On les aurait retrouvés sans doute sur les routes, sur les plages, sur les aires d'autoroute, sillonnant des cols habituellement apaisés, faisant la queue aux distributeurs et aux guichets, se cherchant une place de parcage, et, le soir, agglutinés dans des pizzerias ou des bars. C'est comme ça en Italie, durant le mois d'août. Il faut absolument partir, il faut tout abandonner.
J'ai connu autrefois des voisins que le manque de moyens rendaient acerbes, qui se terraient chez eux durant ces quelques jours de l'année où tout le monde doit pouvoir dire qu'il y était.  Y ? A la mer, à la montagne, ailleurs, n'importe où, mais ailleurs, loin de chez soi, là où il y a des êtres agités et vociférants, du bruit, des sonneries.
Pendant ce temps, les lieux abandonnés à eux-mêmes révèlent leur sobre beauté, on entend comme jamais les ailes des insectes bruisser, on entraperçoit à son balcon une vieille femme munie d'un arrosoir, le regard s'exerce à observer tandis qu'une goutte de sueur vient le brouiller. 

Palazzo ducale / Sabbioneta

 Entrée château / Govone

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