Tête d'arlequin / Pablo Picasso / Detroit Institute of Arts / USA
Il est grand et il porte beau. Il est un de ces cadeaux que la vie vous apporte parfois, sans que vous ayez jamais pensé y avoir droit. Il a sa vie et j'ai la mienne et je donnerais volontiers la mienne pour pouvoir sauver ne fût-ce qu'un dixième de la sienne. Je parle peu de lui. En règle générale, je parle peu de mes trésors (et je me verrais mal parler de lui en termes de réussite ou niveau de vie, je ne l'ai jamais conçu comme une carte de visite ou de crédit).
Il a l'élégance du cœur et du corps. Il est limpide et franc, pas une once de toc en lui, de l'or en barre. J'éprouve énormément d'estime pour cet être inestimable et j'aime lui choisir des livres qui s'entassent à son chevet parce qu'il pense que la lecture demande du temps, qu'il faut y pénétrer lentement et qu'il peine parfois à le trouver, ce temps à soi pour entrer dans ce monde en soi. Il est friand des recettes de Yottam Ottolenghi et apprécie les produits étonnants que je parviens à lui dénicher tout au fond de certaines épiceries. Autour de nos repas, que de mots essentiels partagés, comme si des papilles dépendait l'intimité. Enfant, à la piscine, il passait de longues après-midi sous un arbre à observer les fourmis.
Il est un soleil. Il est une terre fertile. Il est un ange gris souris. Quelle que soit l'heure, quel que soit le lieu, à savoir son cœur qui palpite, mon cœur marque un arrêt infime. Il m'a appris cette exigeante et contradictoire et impérative capacité : au nom du lien, savoir se détacher.
Punaise, nous présenterait-tu* ce roi soleil ? rien qu'à ta brillante description j'en suis toute éblouie.
RépondreSupprimerMais je suppose qu'il s'agit de ton fils, alors pourquoi se détacher... le temps s'en chargera.
Superbe et touchant texte écrit avec le coeur... bravo Dad !
Bon dimanche pour vous tous. Bises.
*plaisanterie
C'est sûr, des êtres qui irradient comme cela ne peuvent qu'illuminer notre vie. Mais nul doute que s'il brille ainsi, c'est que tu lui laisses la place pour ce faire. Bises alpines du soir ma belle. Le WE est déjà presque fini.
RépondreSupprimerIl m'a appris cette exigeante et contradictoire et impérative capacité : au nom du lien, savoir se détacher.. S'il t'a appris cela, en effet, il ne peut que t'apporter du soleil et du bonheur. :-)
RépondreSupprimerEt ce que dit Dédé est très juste, c'est que tu lui laisses la place pour ce faire. :-)
Bises à vous toutes.
>>>Julie, Dédé et Françoise : oui, une esquisse de portrait de mon fils... Le métier de parent a quelque chose de paradoxal : il faut, pour réussir à l'accomplir à peu près correctement, faire en sorte de devenir peu à peu inutile, ou du moins subsidiaire. Disponible : toujours. A disposition : souvent. Indispensable : vraiment pas. Un sacré équilibrage à trouver!
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