vendredi 4 décembre 2020

Vivre : le hasard et les cathédrales

 
La cathédrale de Rouen: le portail (effet du matin) / Claude Monet / Collection Beyeler / Bâle
 
En l'espace de quelques heures, j'ai été confrontée trois fois aujourd'hui à l'histoire des trois tailleurs de pierre**. Je la connaissais, bien sûr, je l'avais entendue à une ou deux reprises. Mais là, l'écouter en direct à la radio, la lire dans un article datant de 2017, puis dans un bouquin paru en 2005, trois fois, c'est quand même curieux. De deux choses l'une : soit cette histoire s'est présentée par le fait d'un pur hasard, soit il est grand temps que j'observe autour de moi quelles cathédrales sont en train de s'ériger et ma façon d'y participer.

**Un passant leur demande ce qu'ils sont en train de faire. Le premier dit : "Je taille des pierres", le deuxième : "J'élève un mur", le troisième répond : "Je bâtis une cathédrale".

6 commentaires:

  1. Bonjour, disparue dans les tréfonds de ma mémoire,il me semblait bien avoir entendu cette histoire quelque part, merci de la rappeler.
    Il est peut-être encore temps d'aller à Barcelone interroger quelque tailleur, la dernière pierre de la Sagrada familia n'est peut-être pas achevée...

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    1. En fait... en fait... quand je l'ai entendue cette histoire, j'imaginais que les cathédrales sont aujourd'hui métaphoriques. Se sentir participer à une construction, n'est-ce pas avoir un regard systémique, se sentir appartenir à qqch de plus grand et aussi concevoir son travail dans sa noblesse ? La chevrière qui vend tous les mardis ses fromages sur le marché ne participe-t-elle pas à qqch de grand ? Elle pourrait répondre : je trais mes chèvres // je fabrique du fromage // je nourris sainement des gens. Tout le monde pourrait parler de lui-même de cette manière ... (quoi que... j'ai entendu parler l'autre jour d'un homme très riche parce qu'il fabrique des algorithmes de spéculation financière, destinés à des traders...) Non. Ma réflexion ne marche pas forcément à tous les coups. Mieux vaut s'intéresser aux tailleurs de la Sagrada familia : https://blog.sagradafamilia.org/es/divulgacion/borges-blanques-kilometro-cero-sagrada-familia/ Belle soirée à toi.

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  2. Voilà un billet qui tombe à point pour moi. J’avais oublié cette petite histoire si simple et si parlante, entendue il y a bien longtemps.
    Cohabitent en nous les trois tailleurs à chaque instant. Lequel sommes-nous aujourd’hui est peut-être une question intéressante.

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  3. Oh oui, nous portons les trois tailleurs en nous... ils sont des facettes réalistes de notre manière d'être au monde... mais, quand j'ai entendu / lu l'histoire, je dois avouer que j'avais envie de me percevoir comme participant à la construction d'une cathédrale. J'ai besoin de penser à qqch de plus grand... plus universel... penser au chœur qui chantera dans la cathédrale... la musique, l'orgue... les prières... la danse de la lumière qui tombera des vitraux sur les pierres ..
    Pas encore totalement mégalo, je te rassure, je te souhaite une douce soirée.

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  4. Dans l'allégorie des trois tailleurs de pierres, seul le dernier semble avoir la tâche la plus noble et ainsi donner du sens à sa vie. Quand je me rends à l'abbaye de Solesmes ou de Fontevraud, je me sens si humble.
    Mais je pense que chacun des tailleurs apporte sa pierre à l'édifice universel comme chaque être concourant à l'humanité et au monde.
    Belle journée.

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    1. J'ai entendu cette histoire en peu de mots, sans l'accompagnement d'une interprétation. J'imagine qu'il y a plusieurs clefs de lecture et que chacun peut comprendre l'histoire à sa façon (j'imagine aussi qu'elle a dû passablement être reprise dans le domaine des RH ou du développement personnel).
      Elle m'a paru correspondre à trois aspects des activités humaines : l'aspect matérialiste, essentiel pour satisfaire les besoin pratiques (la prestation et le salaire); l'aspect "réalisation" (les objectifs à atteindre au niveau de l'individu et de la société); et l'aspect systémique, plus spirituel ou plus holistique (le sens que l'individu donne à ses activités durant son existence). Je n'y ai pas vu de jugements de valeur : un homme qui se lève tous les jours pour gagner de quoi nourrir ses enfants a du mérite; Un homme qui conçoit des maisons pour abriter des gens a du mérite; Un homme qui conçoit son activité comme une participation à la marche de l'univers va au-delà des actes et des buts pour accéder à qqch de plus grand. Il a non seulement du mérite, mais il a aussi de la chance. Car probablement travaillera-t-il avec plus d'enthousiasme et de ferveur. Je me suis aussi demandé s'il n'est pas plus armé face aux adversités. Dans notre société très matérialiste, quand les biens viennent à manquer ou à diminuer, beaucoup se retrouvent démunis. Plus on élargit le regard, plus on a de chances de trouver des ressources et des satisfactions durables.
      Et comme pour toutes les histoires que l'on se raconte, leur interprétation est sujette à évolution. Elles sont amenées à évoluer en même temps que nous, non ?
      Belle soirée (et merci de m'avoir fait connaître Solesmes et Fontevraud, deux abbayes que je ne connaissais pas, de toute beauté, vraiment. en effet, on se sent bien petit face à la splendeur de ces édifices.)

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