Portrait de femme à la coiffe blanche / Anonyme / Coll. Bemberg / Toulouse
La femme a renversé la tête. Naturellement, elle allait bien. Tout allait bien. Et avec ce beau temps...
La femme frimait, elle frime toujours, elle l'a toujours fait. Elle ne sait pas faire autrement. C'est ainsi qu'on lui a appris et c'est ainsi qu'elle s'en est toujours sortie : en frimant. Impossible de dire ses peurs, ou ses embarras, ou ses tourments. Elle croit dur comme fer qu'en ne les nommant pas, ils se dissiperont. Elle a appris depuis l'enfance à superposer les couches de vernis. Dès qu'une couche craquelle, elle applique à nouveau et c'est reparti.
La femme veut ignorer que sa vie devient trop lourde avec les années. Le sol sous ses pieds lui paraît trop souvent fait de gadoue, elle sent qu'elle s'enfonce, qu'elle n'en peut plus. Sur le point de hurler, elle consent à appeler, elle explique, elle sollicite, au secours au secours, et puis à peine secourue, elle ferme sa porte, affiche un sourire figé et recommence à crâner.
A la voir jouer au yoyo avec les gens et leurs perceptions, on se demande ce qui se passerait si tout à coup quelqu'un osait lisser d'un doigt léger sa joue, prendre sa main comme on tient un oisillon, glisser un bras fraternel sous son coude... imaginant un tel chambardement, on la laisse frimer en s'éloignant...
Sans doute, a t-on appris, inculqué à cette femme que la manifestation des émotions est synonyme de faiblesse et de laisser aller.
RépondreSupprimerQue de peur, de souffrance et de manque d’estime de soi derrière le masque. Une véritable carapace.
Un sourire ou une main tendue laisserait peut-être venir les larmes ou un sourire de soulagement. Je le lui souhaite.
Belle soirée.
Oh oui. La personne en question a traversé le rideau de fer, et des périodes où l'Histoire demandait à s'endurcir pour faire face. Véritable carapace, oui, et, pour en revenir à ce qu'on écrivait précédemment, la carapace c'est quand les expériences passées sont indociles et commandent au présent. Je ne crois pas que cette personne sache pleurer. Pleurer, pour elle, ce serait s'effondrer, ne plus garder la maîtrise. Alors, elle fait taire son enfant intérieur. En y repensant, je me dis que c'est un luxe de pouvoir garder l'enfant en soi et de lui faire place.
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