Sculptures romaines / Kunsthistorisches Museum / Wien
Dans l'anonymat de la grande ville, la nuit est tombée, si vite, trop vite plongeant par surprise sur les rails et les trottoirs, bousculant la foule qui s'agite, se percute, s'évite, sans se voir. Chacun cherche son chez soi. Chacun voudrait l'atteindre, désespérément, et n'a de cesse de l'avoir atteint, en ramant. Chacun se hâte à tâtons vers le secours d'une sortie, d'un quai familier, d'une porte franchie. Des courants en crue se déversent. Des flux se télescopent. Un enfant s'accroche. Un homme en perd sa sacoche. Les réverbères illuminent les visages blafards, cernés par les années, cernés par les marées, pauvres masques défigurés par les trop longues journées. Les propos faiblissent, les adieux se tarissent, les conversations s'appauvrissent. On n'en peut plus de tenir bon, d'être dans la course. On rassemble ce qu'il reste d'énergie à faire bonne figure avec au fond de soi une seule obsession : retrouver coûte que coûte sa maison.
A tort, peut-être, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre vos deux derniers messages.
RépondreSupprimerEquilibre précaire,c’est vrai, qu’il s’agit de préserver comme le bien le plus précieux.
Mais si fragile. Car malheureusement,lorsque vous croyez l’avoir atteint, la vie se charge de vous rappeler que d’autres embûches peuvent survenir. Et,là,la maison,qu’elle soit matérielle ou intérieure, est votre seul refuge pour faire face une nouvelle fois.
Bonne fin de dimanche.
PS:magnifiques photos si bien trouvées.
J'aime bien votre vision métaphorique de ce billet (et ces liens que vous faites entre eux). Là, c'est la traversée de la gare de Lausanne vers 19 heures, avec tous les pendulaires qui n'aspiraient qu'à leur retour, qui m'a inspirée. Ils se cognaient à force de vouloir terminer leur périple et atteindre la paix de leur maison.Déstabilisés par la vie en société, les individus aspirent à retrouver l'équilibre si fragile chez soi. L'équilibre... l'équilibre ne peut je crois jamais être atteint dans la durée. Il est constitué de constantes adaptations, pertes et récupérations. Mon hypothèse : plus on en est conscient, et plus on rectifie rapidement...
SupprimerLes photos : oui, les visages sculptés romains sont incroyables de véracité. si on se tient devant, on croirait les voir bouger. Quant au Giardino Spoerri, créé par l'artiste allemand dans le Sud de la Toscane, c'est un lieu magique à visiter. Il y règne une belle énergie (rien à voir, mais en plus on mange très très bien dans leur restaurant... tiens, ça me fait rêver...)
Très belle soirée (le temps de la météo yoyo est arrivé : aujourd'hui soleil et voiliers, demain pluie et giboulées.