Le matin, le sol se fait craquant sous nos pas. Le vent du Nord mord nos joues devenues émaciées. On découvre le pré fouillé par des chamois avides, quêtant les fragments glacés que les sangliers leur ont abandonnés. Le matin, on croise de plus en plus souvent le randonneur au sourire franc, le seul qui écoute quand on parle des premiers pas du chien sur les poussières des routes lointaines et désolées. On préfère sa vieille cape en treillis à certains vêtements et propos trop châtiés. On se lasse de constater que la vie, même ici, comme les pommes, comme les berlines, devient trop calibrée. On voudrait ouvrir les rideaux invisibles qui se sont infiltrés entre soi et le désir qu'on a toujours cultivé. Le besoin de découverte nous transperce. On se dit que la vie est bien plus vaste que cette vie, et que la vie nous appelle, et que le printemps, qui pointe dans le vol d'un pic, dans le vert d'une plante, que le printemps se fait insistant à l'intérieur de soi. Pas de doute : on ressent un intense besoin de départ.
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