mercredi 16 mars 2022

Vivre : Still life / 110

 
 
La saison de l'artichaut bat son plein. Le maraîcher qui les importe directement de Sicile en propose des caisses entières et son stand face à la cathédrale est pris d'assaut tous les samedis. Petits, moyens ou gros comme des ballons, roses, violets ou verts, délurés ou sophistiqués, on les imaginerait facilement en bouquets dans un salon, mais on les emporte avec des fèves, du fenouil, des aubergines et des endives. Ils sont trop bons en risottos, avec des pâtes au saumon, en omelette ou dispersés sur une pizza capricciosa. Les vendeurs qui servent sont pratiquement tous des amateurs, embauchés juste pour la matinée. Ils ne connaissent rien aux prix, les appliquent au petit bonheur la chance, rendent la monnaie de manière approximative et pour les conseils, c'est souvent entre clients qu'on se renseigne tandis qu'on attend. On se refile ainsi toutes sortes de trucs pour la cuisson et les accompagnements.
En y repensant bien, les meilleures recettes que j'ai testées, je les ai toujours reçues comme ça, en bavardant devant un étal. Une chose qui m'a toujours semblé superflue : s'énerver un samedi matin ensoleillé parce que quelqu'un risque de vous doubler. Les stressés distraits ne se doutent pas de ce qu'ils manquent sur un marché : il y a tant à voir et à apprendre quand on a trouvé un bon tempo pour la journée.
 

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