jeudi 3 janvier 2019

Vivre : les transitions


Descente du Christ aux limbes (détail) / Bronzino / Basilica Santa Croce / Firenze / 1452


Pour l'instant, vivez les questions. Peut-être, un jour lointain, entrerez-vous ainsi, peu à peu, sans l'avoir remarqué, à l'intérieur de la réponse.
R.M. Rilke / Lettre à un jeune poète /  16.07.1903 **

J’ai longtemps fêté le 31 décembre. J’ai longtemps tenté de fêter. Dans des villes, au milieu de la foule, à la montagne, au restaurant, chez nous, chez des amis, avec des inconnus, avec des enfants et les parents de ces enfants. Finalement, depuis des années, je me rends compte qu’il y a dans ces dernières heures de l’année – et aussi dans les premières du jour suivant – quelque chose de profond, de grave, d’inhabituel, qu’il me serait difficile d’expliquer, ou de décrire. Il y a quelque chose de solennel, qui appelle à la réflexion, au retour sur soi. Quelque chose d’essentiel. Il s’agit d’être à l’écoute. C’est peut-être le moment de l’année où j’entends le mieux ma petite musique. Voilà pourquoi il m’est nécessaire de rester là, bien présente. De détourner mon regard des appels à la consommation en tous genres. Il s’agit moins de fêter, que de capter. 

** Leben Sie jetzt die Fragen. Vielleicht leben Sie dann allmählich, ohne es zu merken, eines fernes Tages in die Antwort inhein. 

2 commentaires:

  1. Faire un retour sur soi alors que les autres autour de nous beuglent et s'enflamment au premier des douze coups de minuit, c'est bien difficile. Tout comme toi, j'essaie de faire le bilan. Et plus j'avance, plus j'aspire au calme. Que je n'ai pas eu, une fois de plus, au début de 2019... Bises marines et montagneuses.

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  2. L'avantage d'un village, c'est qu'à part un ou deux pétards, ça et là, on n'entend que le bruit du vent dans les arbres. Ce qui ne veut pas dire retraite absolue pour moi : la journée du 31, je sillonnais une ville splendide en me mêlant aux autres visiteurs, humant l'atmosphère. Le lendemain à midi, j'allais déguster une fondue sur une terrasse avec vue sur les Alpes, j'aimais tremper mon pain dans le caquelon fumant, sous le regard fatigué, hagard de ceux chez qui l'Alka Selzer n'avait pas encore fait d'effet.
    La Saint-Sylvestre, comme toutes les fêtes du calendrier, peut être sympathique, si l'on fait ce que l'on aime, si l'on est avec des gens aimés. Ce que je refuse désormais, ce sont les fêtes imposées, les bombes qu'on fait exploser, les rires contraints, les embrassades à des inconnus, les gueules de bois, sous prétexte qu'on change d'année.
    Te souhaite une stimulante poursuite de vacances, ma chère Dédé : je t'envie car être face à la mer, c'est toujours être à la fête!

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