mardi 8 janvier 2019

Voyager : la neige, le Jura




Ce matin-là nous avions rapidement quitté la ville transie, contrariée, humide sous les flocons insistants. Nous avions déserté ses rues engourdies, ses passants pressés, ses vitrines délaissées et, après quelques giratoires, par ce qui nous parut une lubie de notre GPS, nous nous étions brusquement retrouvés sur de longs chemins silencieux. Nous roulions à faible allure, soumis à des glissements soudains, suivant avec peine le tracé grisé, n'observant aucune trace humaine tandis que nous longions de vastes forêts communales. Aucune trace humaine, pas même une bâtisse de loin en loin dont la cheminée fumât. Les rares maisons paraissaient immobiles, abandonnées, comme après une épidémie ou quelque catastrophe imprévue. Aucun véhicule, aucune silhouette, mais de temps à autre de belles présences : des faucons impassibles sur quelques hautes branches, un ou deux renards dorés que la froidure enhardissait et qui venaient frôler nos roues insolemment. Ça et là, des corbeaux volant bas. Dans l'habitacle, nous nous taisions, ébahis par la beauté des lieux, par la solennité du moment. Nous pensions à la journée de la veille : urbaine, ensoleillée, intensément baignée de lumières et de feux. Nous savourions l'étrange renversement qui nous avait fait basculer d'un monde agité à un univers onirique en un intervalle si court, quasiment en un revers de main.

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