Portrait de Jenny Kamerlingh Onnes / Menno Kamerlingh Onnes/ Rijksmuseum / Amsterdam
Elle sourit toujours mais affiche un visage un peu flétri. Ses mèches privées de coupe ressemblent à des orphelines anémiques. Elle dit qu'elle va bien, qu'elle a changé de vie. Du reste, elle s'est déniché un appartement dans le quartier, qui, faute d'avoir trouvé mieux, est passablement lumineux. Elle ajoute presque sans déglutir qu'elle et son compagnon se sont séparés, que tout s'est passé dans la plus grande civilité. Elle poursuit : la campagne, non merci, tous ces gens qui vous pointent du doigt quand on ne leur ressemble pas.
Elle est presque aussi élégante qu'avant. Elle est presque aussi avenante. Elle ne montre presque pas combien lui pèse le confinement, et la vie en solo, et son boulot mis entre parenthèses pour l'instant. Elle traîne à bout de laisse son vieux chien beige qui n'y voit plus guère. De sa démarche chaloupée, elle part courageusement vers son atelier, lequel rouvrira sous peu. Elle reverra alors tous ces gens avec lesquels elle aime tant échanger. Elle retrouvera alors cet air pimpant et confiant qui la caractérise. Elle se reconstruira alors par touches successives une existence rayonnante. Elle redeviendra solaire et cela lui ira comme un gant.
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