vendredi 19 avril 2019

Vivre : la Traversée de l'hiver / 31




L'infirmière au téléphone se montre irritée. Elle n'est pas là pour discuter avec moi, ne serait-ce qu'un bref instant, de questions de sens. Le sens ne la concerne pas. Elle dit : "Ce n'est pas mon travail, il faut voir ça avec le médecin". Elle appelle seulement afin d'avoir l'aval de la famille : pour des questions de confort, le médecin préconise l'injection de botuline aux poignets. C'est une opération qui ne peut être entreprise que par un neurologue, lequel pratique uniquement dans son cabinet. Ce qui signifie déplacement et transport en ambulance à travers la ville. D'où ma question sur le sens : transporter, secouer, imposer un traitement, à une patiente qui l'autre jour ne m'a pas vue, n'a pas ouvert les yeux, n'a pas parlé. M'a-t-elle seulement entendue, perçue ?
Mais l'infirmière ne veut pas entendre mes questionnements. Ils ne la concernent pas. Elle est mandatée pour obtenir un accord et cet accord ne vient pas (elle s'exprime avec un fort accent, sans doute s'agit-il d'une des nouvelles recrues, beaucoup de rotation en ce moment, difficile de reconnaître des visages dans les couloirs)
Mais pas d'accord pour l'accord, même en vue de prétendu confort, je demande à voir le médecin. Lequel sera absent toute la semaine prochaine. De ma sœur, habituellement si encline à prendre des décisions sans m'en faire part, aucune nouvelle. Elle doit être partie elle aussi en congé.
Je raccroche avec un rendez-vous médical début mai. Quelle est donc cette médecine qui prescrit quantité de médicaments et s'emballe ensuite dans les traitements ? Le personnel infirmier, censé accompagner sans s'interroger sur le sens, est-il étonnant qu'il craque et démissionne si souvent ?
Je reste seule face à mes questionnements.

6 commentaires:

  1. Seule, pareil à ce sapin au milieu du désert blanc, loin de ses semblables.
    Difficile de répondre à tes questionnements, je te souhaite simplement du courage avec toutes mes pensées positives.
    Bon weekend Dad. Pâque(t)s de bisous ;)

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  2. Pâque(t)s de bisous : petits mots tout doux pour des instants doute.
    ps : chez toi, tu parles 2 x de démotivation à publier… je te souhaite de trouver sur ton chemin les impulsions qui te feront du bien.

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    1. Rien de grave, un peu de lassitude mêlée à quelque déception... mais je n'en dis point plus :)

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    2. Tu n'as point besoin d'en dire plus. Je te souhaite une journée pleine de soleil souriant et de sourires ensoleillés.

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  3. Je comprends, Dad. Mon frère qui était infirmier dans un service de gériatrie était parfois contrarié par des décisions prises soi disant pour le bien de la personne et à son niveau il ne pouvait guère s'opposer, juste ressentir de la tristesse pour ces personnes et les accompagner au mieux.
    Bon courage à toi, ma chère.

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  4. "Juste ressentir de la tristesse pour ces personnes et les accompagner au mieux." Merci, bien chère.

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