Allegorie du Bon Gouvernement (détail) / A. Lorenzetti /Palazzo del Commune / Sienne
Incidemment nous
avons appris il y a moins d'un mois qu'un projet de décharge allait être
réalisé sur le territoire de notre commune. Il avait déjà reçu l'accord de la
municipalité, mais curieusement, rien n'avait filtré. C'est par les infos télévisées
que la majorité de la population a été avisée.
Entre temps, il s'est
avéré qu'une pétition contre ce projet avait été lancée. En effet, situé en
limite de zone communale, le plan prévoyait qu'une quarantaine de camions
passeraient quotidiennement, et qu'ils emprunteraient principalement des routes situées sur des communes limitrophes. Les riverains
impactés, on s'en doute, n'étaient pas ravis d'avoir été mis devant le fait
accompli et ont vivement réagi. Heureusement, dans ce pays, la démocratie directe fonctionne (plutôt bien dans certains cas).
Vacarme, éclats,
médiatisation, les personnes concernées – et pas seulement elles – étaient passablement
remontées. De conférences de presse en réunions plénières, sous la pression des
habitants, le projet a finalement été enterré.
Et depuis lors, que
voit-on au village ? Le syndic, les conseillers, bon nombre de ceux qui étaient
au courant depuis longtemps, se mettent à parler de ce projet le définissant comme "aberrant".
Ils sont tous prêts à en discuter – longuement, à grand renfort d'arguments –
pour convenir que la décharge était dénuée de sens. Tout le monde est content ?
Presque : l'agriculteur qui avait cédé son terrain à un prix intéressant
sillonne les chemins avec son tracteur en rageant (tous ces copains, qui lui
avaient dit, oui, bien sûr, c'est donnant
donnant, tous ces copains, sont à présent aux abonnés absents).
Encadrant ce microcosme, révélateur de phénomènes plus amples et tellement courants, le lac et la forêt se déploient. Par-dessus, les busards passent, les corbeaux croassent. Ils assistent au remue-ménage, soulagés, amusés, médusés, distants et néanmoins présents.
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