Courtisan au chapeau de fourrure rouge / Andrea del Brescianino / coll. Bemberg / Toulouse
Pourquoi il ne faut pas chercher à avoir absolument raison ? Parce que quand la vie vient démontrer par A plus B qu'on avait raison et qu'on voit les personnes se débattre avec leurs erreurs, on en est tout attristé et on se retrouve alors bien impuissant à les aider, ne pouvant que maladroitement tenter de les extraire des problèmes où elles se sont enferrées.
Houlà ! Tu soulèves un problème complexe : « qu'est-ce qu'avoir raison ? »
RépondreSupprimerPenser que l'on puisse avoir raison c'est déjà penser détenir un pouvoir sur l'autre. Au moins espérer qu'il réalise que nous avons une vérité pour lui, c'est-à-dire à sa place.
D'ailleurs on dit souvent : « moi, à ta place… » sauf qu'être à la place de l'autre c'est totalement et définitivement impossible à jamais.
Je ne sais si c'est une réflexion générale, ou si tu es préoccupée par une situation particulière qui t'implique. Alors je ne m'avance pas plus.
Cela me fait penser à l'aidant qui entend fréquemment des phrases du genre : « dites-moi ce que je dois faire ! ». Quelle terrible tentative de délégation de pouvoir !
Vous qui demandez de l'aide, dites-moi quels sont les options qui s'offrent à vous et peut-être que je pourrais vous aider à voir plus clair et choisir la… moins mauvaise… et les étapes intermédiaires qui peut-être sont nécessaires pour y parvenir… parce que si vous aviez une évidence vous ne seriez pas là avec cette question. Alors allons y… tentons…
mais vous dire ce que vous devriez faire… j'en suis foutrement incapable !
(J'accepte évidemment les cas, rares au demeurant, d'absolue nécessité de directivité forte et immédiate pour cause de péril… de toute façon dans ces cas-là les réflexes de bon sens s'imposent instantanément).
Mais c'est vrai que les gens qui se sont enferrés dans des nasses et font tout pour que les mailles se resserrent encore… c'est vraiment parfois très difficile pour la personne et les entourages concernés.
"Avoir raison" est en effet une expression très délicate. Et vouloir avoir raison, c'est plus que délicat, c'est totalement déplacé. Les "moi, à ta place..." et les "tu devrais..." sont à bannir en effet. Et se permettre de dire à quelqu'un ce qu'il doit faire, c'est le dérapage assuré.
SupprimerOui, ici, je pensais à une situation qui nous a occupés la semaine dernière. Des personnes qu'il s'est agi d'aider (en résumé : le mari, hospitalisé en urgence il y a 12 jours après sa deuxième dose de vaccin, fièvre élevée, malaise général, état plus que préoccupant, premier hôpital surchargé, déplacement vers un hôpital... comment le définir ? le plus dysfonctionnant du pays, sans doute... l'épouse interdite de visite, sans permis de conduire, incapable de prononcer un mot de français et de communiquer avec le personnel soignant, venant demander qu'on fasse le lien, négociations difficiles par téléphone car "comment, vous n'êtes pas de la famille ? on ne peut rien vous dire, etc etc"). A présent, l'homme a été enfin transféré dans un hôpital de qualité, où l'on parle sa langue, il comprend les soignants, sa femme peut les appeler, et leurs enfants à l'étranger peuvent aussi prendre des nouvelles.
Mon billet : depuis des années, j'invitais ces personnes à apprendre la langue du pays où ils résident, à faire cet effort d'intégration et... non... ils ne voulaient pas. Ils n'en avaient pas besoin. Pourquoi donc quand on est expat sans souci financier ? Ils n'en voyaient pas la raison. Ils tenaient mordicus à avoir raison.
On aurait pu les laisser se débrouiller... mais l'idée de savoir cet homme fiévreux, perdu, loin de tout repère, subir des investigations médicales incohérentes (surtout ne jamais concéder que le vaccin peut avoir des effets secondaires graves) me déchirait le cœur. Et tout en apportant de l'aide, j'avais juste envie de secouer la femme... de la secouer... Enfin... espérons maintenant que tout aille pour le mieux, car tout ce qu'on sait c'est que son époux est entre de bonnes mains...
Merci pour les explications que tu donnes. Je me doutais un peu qu'il y avait derrière ton texte une réalité concrète.
SupprimerTu as fait preuve d'une noblesse de cœur en ne les laissant pas tomber et en servant d'intermédiaire avec les difficultés que cela représente.
D'autres auraient pris la triste position : je vous l'avais bien dit ! Maintenant débrouillez-vous !
Mais compte tenu de ce que je sais de toi (un peu bien sûr), cela ne m'étonne pas. Tu as un cœur aimant.
Un coeur aimant ? je ne sais pas. On a fait ce qu'on a pu (R. surtout qui est bilingue). Mais laisser ce pauvre homme dans cet établissement dysfonctionnant eut été à coup sûr de la non assistance à personne en danger. Loin de moi l'idée de juger les soignants. Ils sont au front. Au quotidien.
SupprimerMais les conditions dans lesquelles ils doivent travailler avec cette pandémie les placent dans un stress énorme, une tornade. Ce qui était tendu il y a quelques années, devient incohérent, pour ne pas dire délirant. Il y a des lieux moins bien gérés que d'autres, donc plus exposés aux erreurs et aux négligences. C'est une réalité. En tous cas, ici. La surcharge, le burn out, le recours à du personnel temporaire n'arrangent rien. La Covid, c'est aussi ça : la peur d'être hospitalisé, la terreur d'être soigné. Je croise les doigts pour que tout aille pour le mieux là où est traité cet homme à présent. J'ai confiance.
Belle soirée à toi.
Narcissisme, problème d’estime et d’ego de celui qui veut avoir raison à tout prix. Bien difficile d’aider celui qui ne veut ou ne peut entendre par peur de perdre la face peut-être.
RépondreSupprimerDifficile de trouver l’équilibre entre exprimer son point de vue et l imposer, tout cela avec respect et empathie.
Bonne fin de dimanche.
Oui, s'obstiner à avoir raison, tenir mordicus à son opinion peut relever d'un problème d'ego et d'estime. C'est un peu le cas de ces personnes, je crois. ça me rappelle cette injonction humoristique : "ne me donnez pas de conseils : je sais me tromper tout seul!"
SupprimerParfois, c'est la vie qui vous oblige à revoir vos points de vue. Si on a suffisamment d'humilité pour en accepter les leçons. Tout ce que je souhaite : que ce pauvre homme malmené depuis 2 semaines d'examen en examen s'en sorte. Oui. J'aimerais le revoir... en santé. Belle soirée.