lundi 3 décembre 2018

Regarder : mesurer sa chance


Armée déployée devant le Palais fédéral en novembre 1918 / Berne / Kornhaus 2018

Cette place bernoise sur laquelle se dressent la Banque nationale et le Palais fédéral, cette place où l'on achète le samedi ses fleurs et ses oignons, où les touristes médusés n'en reviennent pas de trouver tant de simplicité bon enfant au cœur d'une capitale, cette place, il y a tout juste cent ans, était occupée par l'armée pour réprimer une grève générale.
Depuis plusieurs années, la population avait faim et exprimait sa colère. En novembre 1918, les ouvriers ont revendiqué entre autres l'instauration d'une assurance vieillesse et invalidité, le fait de ramener la journée de travail à huit heures, ils exigeaient aussi le vote à la proportionnelle, le droit de vote pour les femmes.
Ce furent des jours de répression. Sur le moment, aucun acquis. Mais le mouvement était en marche. Il a pris des années. L'assurance vieillesse est entrée en vigueur en 1948. Le droit de votes des femmes en...1974. Aujourd'hui, on peut acheter ses oignons sur cette place paisible et mesurer sa chance. La chance de vivre dans un pays en paix et de bénéficier de ces droits obtenus grâce à la détermination de tous les hommes et de toutes les femmes qui ont su se battre. Avoir une pensée pour eux, et pour tous les gens, aujourd'hui, ailleurs, qui luttent pour leurs droits, sur cette planète.


Landesstreik 1918. Die berner Ereignisse / Kornhaus / Berne / jusqu'au 5.01.2019
(sujet passionnant, mais malheureusement bâclé)


2 commentaires:

  1. Coucou. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec ce qui se passe en France. Lutter pour faire valoir ses droits, se faire entendre. Oui. Vouloir préserver ses acquis, vouloir faire avancer le pays dans le bon sens, démocratiquement. Oui. Casser non. Quand je vois cette rébellion de gilets jaunes qui se radicalise, je me demande si tout cela est vraiment nécessaire. Alors oui, on a de la chance de vivre chez nous et de profiter des luttes qui ont eu lieu avant nous. Et s'il faut lutter pour d'autres choses, nous lutterons.
    Bises de plaine très humides et belle semaine à toi.

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  2. Oui, les gilets jaunes, mouvement tellement légitime, contre ces taxes iniques qui touchent autant ceux qui doivent rouler pour aller bosser et gagner un minimum que ceux qui ont bien les moyens (la suppression de l'Isf, naturellement, allait de soi!!!). Tout cela sous couvert hypocrite de mesures écologiques. La taxe carbone, certes, mais il s'agirait d'examiner comment l'appliquer judicieusement, sans peser sur les petits budgets. Quant aux casseurs, on se demande bien d'où ils viennent et à qui leur intervention profite... Il y a une écrasante majorité de GJ qui veulent juste défendre leurs droits fondamentaux et ceux de leurs enfants. En discréditant le mouvement, on leur fait offense et on leur nuit. L'histoire se répète, je crois. Il y a toujours eu au cours de l'histoire des événements de ce genre.
    Pour en revenir à l'expo, c'est une chance de pouvoir bénéficier des luttes menées par les générations qui nous ont précédés. Il y avait des affiches contre le suffrage féminin en Suisse : à mourir de rire... ou à pleurer. quand on y pense, que les Suisses aient attendu 1974 pour estimer que les femmes pouvaient voter tient du pur délire!
    Ici aussi il pleut, fort, une journée à lire et à écouter une sociologue féministe que je te conseille : Rose Marie Lagrave, qui a travaillé avec Bourdieu. Deux vidéos sur youtube, très très intéressantes. Bises D.

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