mardi 9 février 2021

Vivre : missives

 

 
Il y a toujours un moment, au milieu de l'hiver, où le printemps s'annonce avec insistance. On sait bien que le 21 mars ne signifie rien, rien d'autre qu'une date dans un calendrier, que les saisons, ce n'est pas vrai qu'il n'y en a plus, on sait bien que les saisons sont légion, puisqu'il y a au cœur de chacune d'elles autant de saisons qu'il y a de saisons. 
Toujours est-il que le matin déjà, la lumière est là, neuve, câline, enjôleuse. Dans l'air amadoué, les oiseaux proclament leur bonheur a cappella. Les chamois dansent la samba. Le pêcheur dessine des volutes en achevant sa tournée. Le soleil et la lune se croisent avec égards, semblent rabibochés. Pâquerettes, perce-neige, primevères ont surgi, comme par magie. Alors, à ce moment-là, février ou pas, frimas ou pas, neige ou verglas, on sait que ce qu'on nomme la belle saison va arriver, puisqu'elle a nous adressé ses avant-courriers. Et on ressent au fond de soi s'entrechoquer des émotions contradictoires. On se réjouit, avec tout ce qui pépie et glapit. On expérimente aussi comme un refus au fond de soi, une résistance à laisser s'achever cet hiver prestidigitateur, sublime, tourbillonnant (qui a su nous éprouver et nous enchanter dans le même temps). 

2 commentaires:

  1. je me délecte de tes mots et de tes phrases harmonieuses...

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    1. oh! quels gentils mots ! ils tombent comme la neige aujourd'hui : jolie surprise. Belle soirée!

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