Il fait si beau : on croirait une après-midi d'automne. Il fait si doux : on s'imaginerait sur une terrasse donnant sur l'Adriatique. Les perroquets du vigneron braillent dans leur incompréhensible jargon. Le chat du voisin va et vient, longe la barrière, rampe dans le jardin. Le chien s'est étalé sur les lattes, on dirait qu'il médite. Son ventre rassurant monte et descend. Deux voiliers se sont envolés sur le lac couleur horizon. Nous voici comme transportés dans un ailleurs, dans d'autres temps, lents et cléments. La journée passe, entre lectures et lenteurs. Le livre contient beaucoup trop de mots, il faut morceler cet énorme pavé, se laisser rêvasser est une priorité. Le temps passe, et le soleil, chérubin farceur, se penche, refuse d'aller se coucher, traînasse, laisse ses traces.
Tout ramène à un séjour passé à Cres (le slogan "no stress in Cres", sur les cartes et les affiches, s'est tatoué dans la mémoire, si bien qu'en évoquant ce mot on en a les épaules qui se relâchent et le regard qui paresse). Il y avait, je me souviens, sur la place un camionneur bosniaque qui vendait des figues et des mandarines. J'avais aussi acheté, je me souviens, sur le minuscule marché un bouquet de piments colorés, puis au retour j'avais dégusté les fruits à la saveur de paradis et regardé langoureusement le rouge et l'orange des piments.
Le ciel se dore. Le soleil consent à laisser la place à de possibles étoiles. On n'a rien fait d'extraordinaire. Ce fut une nonchalante journée d'hiver. On n'a rien fait de véritablement important. Si ce n'est de vivre, vraiment, vivre quelques heures dans cette fin d'hiver, dans un automne et un été imaginaires, et dans les prémices du printemps.
Quelle chance que cette beauté qui t'environne… qui vous environne…
RépondreSupprimerfinalement c'était vraiment une journée très importante puisque vous n'avez rien fait de véritablement important…
C'est certain : les meilleures journées sont celles où l'on est le moins actif et le plus attentif possible (du moins en ce qui me concerne). Que l'importance soit dans ta présence...
SupprimerPrésentement, justement, le paysage est aussi doux qu'hier : un cadeau du ciel. Passe une belle soirée!
Le voyage immobile mobilise toute notre imagination.
RépondreSupprimerC'est beau, on dirait la Corse :)
Les voyages immobiles sont les plus beaux (parce qu'on n'a jamais peur de louper la correspondance, et pas de lourdes valises à trimbaler).
SupprimerOui, c'est beau : c'est Cres en descendant vers le ferry. Ici, les beaux soirs un peu brumeux me rappellent ce paysage. Belle soirée.
Par la magie de la photo et le choix des mots, juste en fermant les yeux, on se sent projeté à l’intérieur de l’image et la douceur de l’instant.... Magique!
RépondreSupprimerOui, se transposer en pensée dans des lieux heureux relève de la magie. Comme si on y était! et la météo continue de nous choyer, de quoi continuer à rêver!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerCe temps perdu si précieux sans lequel on n’est rien.
Un temps perdu grâce auquel on se retrouve.
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