mercredi 3 février 2021

Vivre : pourquoi ?

 
Portrait de l'artiste dessinant un loup / Kananginak Pootoogook / 2009 / coll. John et Joyce Price
 
La question est simple, si simple, que je me surprends moi-même à me la poser régulièrement : comment se fait-il que, dans un monde superbe, pourvu de tant de ressources, avec des êtres dotés de mille compétences et capacités, on en vienne à subir des conflits, des guerres, des atrocités. La chaos, la famine, la cruauté.
Une affaire d'avidité ? Une envie de rivaliser ? Un besoin de dominer ?
La question est trop simple. Il n'y a probablement que les enfants et les simplets pour se la poser. Toujours est-il que cette question ne cesse ne me harceler.


7 commentaires:

  1. Oui, effectivement, pouvoir et domination sans doute. L’on retrouve déjà cette volonté de domination dans bien des cercles professionnels, familiaux ou amicaux! Est-ce le propre de l’homme?
    En cherchant un peu, j’ai trouvé un échange épistolaire entre Freud et Einstein sur la guerre datant de 1932/1933.
    Voici un de ces courriers:
    Https://fr.unesco.org/courier/may-1985/pourquoi-guerre-lettre-dalbert-einstein-sigmund-freud
    Le soleil brille enfin! Que cela fait du bien après bien des jours de pluie.
    Douce soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour le lien : j'apprécie toujours de lire une lettre d'Einstein (lequel a exprimé dans sa correspondance des choses très profondes et censées, et pas seulement sur le plan social, aussi sur le plan humain, comme si, humain et faillible dans sa vie personnelle, il réservait le meilleur de lui-même dans l'écriture à distance). Ici, ce qu'il dit est très clair et visionnaire (imaginer que cela a été écrit une année avant l'arrivée au pouvoir du parti nazi...). Ce qui donne à réfléchir, c'est que l'on se demande ce qui a changé depuis... près de 90 ans. Les guerres, continuent, souvent par d'autres moyens, plus perfectionnés, économiques, technologiques, etc...
      Et vous avez parfaitement raison : on retrouve déjà cela dans des cercles professionnels, familiaux ou amicaux... Une tendance propre à l'être humain, certainement, comme mentionné dans la lettre, mais qui pourrait être compensée par une éducation orientée coopération et entraide (cf les applications de la pleine conscience dans l'univers scolaire et familial).
      Il n'empêche : l'intelligence nous montre que cela se passe mieux, pour le profit de tous, quand on met de l'huile dans les rouages, mais... on ne le fait pas forcément. Simple et difficile question, décidément...
      Du soleil ? Quelle chance! ici : tourmentes, deux balades dont je suis rentrée lessivée au sens propre. Heureusement : sur le lac, de très beaux mouvements de nuages qui font tout oublier! Belle soirée.

      PS : la longue réponse de Freud donne aussi à réfléchir "En attendant, nous pouvons nous dire: tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre." Quand je pense qu'en ce moment ici les théâtres, salles de concert, les musées et librairies sont fermées, tandis que les parfumeries, les cosmétiques, les coiffeurs et les tabacs ne le sont pas...

      Supprimer
    2. Oh!oui! L’éducation et la culture concourent à la paix! Je le crois profondément, de nombreuses guerres ayant commencé par des autodafés.

      Supprimer
  2. C'est un très long chemin pour passer de l'animalité dont nous sommes issus à l'humanité dans laquelle nous venons à peine d'entrer.
    On aurait dû garder l'homme de Neandertal qui paraît-il aurait été bien plus pacifique que nous.
    Sapiens n'était pas plus intelligent, il était seulement beaucoup plus conquérant. Il a préféré opter pour la domination, la domestication et l'esclavage de ses semblables.

    Allez ! Ne désespérons pas ! D'ici quelques centaines de milliers d'années…
    une nouvelle espèce du genre Homo ?… pourquoi pas ?
    Un petit whisky en attendant ?
    ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plutôt que le whisky, vous n'auriez pas une bonne bouteille de Bordeaux ? :)
      Quant au reste... entre Néandertal et Sapiens, mon cœur n'hésite pas : il préfère rester observer le présent (même si c'est plus consternant). Je t'invite à lire la lettre d'Einstein (et la réponse de Freud). C'est vraiment intéressant. A noter que ces deux intellectuels échangeaient ainsi 7 ans avant le début de la seconde guerre mondiale.
      La question est quand même de savoir quoi faire, après avoir tenté de comprendre quelque chose. Je parle de notre part de colibri. Communiquer au lieu d'entrer en litige avec ses voisins ? Tenir la porte à la vieille dame ? Ne pas répondre aux provocations, accepter les frustrations de la vie sociale ? Soutenir Amnesty ?
      Bref tenter d'apporter un peu de cohérence dans un chaos qui n'a pas l'air de vouloir ralentir.
      Cela dit, passe une très belle soirée (et n'oublie pas : avec modération!!!)

      Supprimer
  3. Cette question n’est pas simple, si elle l’était, elle aurait trouvé sa réponse depuis bien longtemps. Justement depuis la nuit des temps les prêtres, les philosophes, ensuite les scientifiques, les politiques et les sociologues essaient de trouver une raison, pourquoi créer le chaos, assassiner, torturer, massacrer, exterminer ou simplement maltraiter l’autre et souvent les autres ? Ils sont juifs, noirs, roux, et « il parait qu’ils… et la machine est mise en route », bref ils sont différents.
    Les philosophes proposent un questionnement sur l’homme, les prêtres répondent par les décisions du divin, défendent les saintes écritures, les légendes et histoires. Les scientifiques recherchent une réponse à la violence dans la nécessité de la lutte pour la vie (profondément ancré dans la nature humaine), dans le fonctionnement atavique d’une partie de notre cerveau ou par une approche psychologique ou de psychologie de masse. Les politiques, quant à eux, défendent la patrie et certainement leur place et statuts dans la société, la nécessité de créer des unités, des nations et des idéologies identitaires qui pointent les autres et les rendent responsables de tous les maux. Les sociologues essayent de comprendre le fonctionnement de l’homme en société la possibilité de sa manipulation par les dominants. Et Rousseau cherche toujours à découvrir quel était le premier homme à affirmer que cette terre était sienne, après l’avoir clôturée.
    Donc non, cette question n’est pas facile, mais une chose est malheureusement avérée, ce n’est pas la raison qui permet à l’homme d’avoir une approche autre que violente, de ne pas répondre par les « tripes » au moindre problème (un réflexe tellement usuel). C’est autre chose, mais quoi ? Peut-être simplement, le fait de réaliser qu’on gagne seulement si nous gagnons tous ? Pas les uns au détriment des autres, avec les possibilités d’autodestruction encore développées ces dernières décennies ? gagnant-gagnant, possible ?

    Gaspard

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai, la question de cet héritage de dysfonctionnements est vertigineuse. Il y a, comme le mentionnait Alain, les raisons provenant de l'évolution humaine. Il y a comme le dit Rousseau, le rôle de la possession, qui nous a mené au degré d'avidité et d'exploitation semblant à son apogée actuellement. Et les pulsions de vie et de mort, Eros et Thanatos, que relève Freud. Tout et tous contribuent à mieux comprendre sans rien expliquer vraiment. Des pièces de puzzle.
      C'est vrai aussi que, face à un conflit ou un chaos possible, on peut se rattacher à ce qui pourrait être un scénario gagnant-gagnant. Remplacer l'obsession du pouvoir par une notion de bien commun. On se prend à rêver, quand même, à un monde où il y en aurait assez pour chacun et où on construirait au lieu de détruire, où chacun serait légitime et à sa place...
      Belle journée, Gaspard.

      Supprimer