Durant trois mois, arrivant à la gare de G., je montais dans le bus numéro 31, dont la ligne parcourait la moitié de la
ville avant de parvenir à ce déplorable hôpital perdu dans la nature. Voici qu’à
présent je bifurque directement à gauche, dans une
rue animée où se trouve l’établissement appelé « résidence ».
L’accompagnement vers la fin, c’est
un peu comme un accouchement à l’envers. Un travail s’accomplit, dans la douleur,
avec sollicitude, avec fatigue aussi. C’est un travail exténuant, non dénué d’exaspération
et de désespoir, ponctué de brèves pauses, pour reprendre son souffle. Contrairement à l’accouchement, on n’a rien choisi. On ne se
réjouit pas des perspectives. On n’entrevoit pas les étapes à venir avec joie
et fierté.
Parmi tous les lieux communs
entendus durant cette période : Une
mère, on n’en a qu’une seule. Vous serez contente de l’avoir fait. Ses sautes d’humeur, il faut la comprendre, c'est la démence, ce n'est pas elle. C'est bien, ce que vous faites pour elle.
Les il faut, les c’est comme ça ont
toujours eu le don de me faire sortir de mes gongs. Il n'y a rien d'empathique ou de compassionnel dans les phrases toutes faites. Elles ont tout de même un immense avantage : la tristesse se
muant en rage, je récupère des énergies dont j'ai le plus grand besoin.
Je crois que les phrases toutes faites évitent de réfléchir, de ressentir, d'éprouver et permettent de se couler dans ce qui se fait, se dit, l'acceptable. Dommage, car en parlant de soi, on autorise les autres -certains d'entre eux- à en faire autant et de cette manière on entrevoit la complexité de nos pensées.
RépondreSupprimerTrès juste, ce que vous dites, Chantal : les phrases toutes faites reflètent le conformisme et anesthésient la possibilité d'un véritable dialogue. On se sent emprisonnée dans un tissus de convenances et d'incompréhension. On ne peut pas vraiment être soi et échanger. Merci pour votre remarque et merci de votre passage.
RépondreSupprimer