lundi 30 septembre 2019

Vivre : visions fallacieuses


Jeune fille au turban tenant une bougie / Attribué à Wolfgang Heimbach / coll. privée / Ombres Fondation Hermitage / 2019

Les interprétations : destinées à nous éclairer, pouvant si souvent nous tromper.

dimanche 29 septembre 2019

Vivre : les occupations prioritaires




Combien d'arcs qui se présentent tandis qu'on est ailleurs, affairé, le regard baissé ?

samedi 28 septembre 2019

Vivre : savoir emballer


La Sortie / Roy Lichtenstein / Albertina / Vienne / 2017

Sur ce site de vente d'occasion, pour n'importe quel meuble, on double son estimation, 
rien qu'en apposant le mot "vintage" à sa description.

vendredi 27 septembre 2019

Vivre : face à face


Madone en trône entourée de saints (détail) / Michele Coltellini / Palazzo dei Diamanti / Ferrara

Considère chacun de tes besoins.
Examine-les bien.
Lesquels sont vraiment tiens ?


jeudi 26 septembre 2019

Vivre : les mondes ignorés


Madonne à la grenade (détail) / Jacopo della Quercia/ 1303-1306 / Museo della Cattedrale / Ferrare

Considérer ce qui nous manque, ce dont nous croyons manquer.
Considérer ces vides en nous que nous pensons devoir combler.
A les examiner longuement, ces manques, nous pourrions découvrir
que nous sommes remplis de mondes ignorés et de mondes à conquérir.
Dès lors, nous pourrions chérir nos manques, en prendre le plus grand soin.
Ils ne font que parler de nous, nous poussent vers nos véritables besoins.
(peut-être devrions-nous garder tous nos manques dans des écrins ?)


mercredi 25 septembre 2019

Vivre : amitiés


Two Women / 1936 / Nils Lergaard / SMK / Copenhague

La rencontre :
A peine trois phrases et on se comprend.
L'éloignement :
On a beaucoup parlé et on se méprend.

mardi 24 septembre 2019

Vivre : adhésion


Archipel des Kornati / 2015

Comment dire la tendresse et l'admiration qu'elle m'inspire,
ce petit bout de femme de seize ans, qui ose, qui insiste,
qui dit posément ce qui doit être répété inlassablement ?
D'une violence effarante, les critiques, les campagnes de dénigrement. 
Pourquoi donc tant d'acharnement ? Sans doute que ses mots,
simples, directs, sincères, incarnent un besoin de changement. 
Sans doute que ce symbole et ces propos interpellent et mobilisent
là où d'autres ont pitoyablement failli, là où d'autres ont baissé les bras.
Précieuse incarnation, récupérable ou pas, je t'encourage, Greta.  

lundi 23 septembre 2019

Vivre : l'esprit de solitude


Evgeinia Lemberg. La jeune fille au Leica / Alexandre Rodchenko / Musée de l'Elysée / Lausanne

Certes, il y a la solitude honnie. Le sentiment terrible et éprouvant de se sentir isolé, différent, exclu (comme tous les sentiments, chargé d'une indéniable subjectivité, car certains nomment isolement ce que d'autres appelleraient autonomie).
Cependant... il y a aussi le bonheur immense et consolant de parcourir des rivages sauvages où la créativité trouve à se développer, de prêter l'oreille aux chants des feuillages, de voir devant soi se dérouler un long tapis d'heures bénies, d'heures amies. 
Comme Térence, rien de ce qui est humain ne m'est étranger. Il n'empêche que ma préférence va à ces moments doux où l'esprit et le corps voguent de conserve et s'autorisent largement à voler.
La jeune fille au Leica ne cesse de m'inspirer. La photo, ce mélange d'ombre et de lumière, exprime tout : l'absence rigoureuse de facilité allant de pair avec le désir de s'élancer, de découvrir, de capter.


*Le titre est emprunté à un beau livre de Jacqueline Kelen.

dimanche 22 septembre 2019

Vivre : la meilleure ennemie


La Montagne / Aristide Maillol / Musée des Beaux-Arts / Lyon

Et pourquoi donc exiger de toi, parfois, l'absurdement difficile, 
pourquoi te couvrir de mille reproches inutiles, 
pourquoi sans cesse insister, tancer, t'incriminer, 
pourquoi tant de contraintes inutiles, pourquoi tant d'inimitié
envers ce corps, envers cette âme, qui ne demandent qu'à s'élever
avec courage, avec douceur, en toute sérénité ?
 

samedi 21 septembre 2019

Vivre : Still life / 78




Pour mes bagages, toujours le même principe : voyager léger. Préparer mes affaires en étant très stricte sur leur absolue utilité. Embarquer les tubes aux trois-quarts vides, pour m'en défaire juste avant de rentrer. Emporter naturellement un minimum de vêtements. Prendre des couleurs si possible seyantes, mais surtout : peu salissantes. Une fois la valise prête, m'astreindre à retirer deux pièces (jeans, pullovers ou tuniques). 
Eh bien, à chaque retour, je découvre toujours, tout propres tout frais, deux ou trois effets que je n'ai jamais portés. Visiblement, quelque chose m'échappe, malgré tant de rationalité.

vendredi 20 septembre 2019

Vivre : Nord-Est



Portrait d'enfant avec petit cheval / peintre anonyme / musée d'ethnographie / Udine

Retrouver le fil, le Nord.
Repasser par l'enfance.
Remonter la filière des sens.
Les saveurs, les odeurs.
La campagne et ses silences. 
Les ciels, immenses. 
Pas une once de vulgarité. 
A perte de vue, le maïs.
Son univers de placidité.
La femme m'a fixée. Elle a dit : "... une si forte nostalgie...". Je n'avais pas encore compris que je portais en moi des brassées de souvenirs, qui cognaient et demandaient à resurgir. Elle, l'inconnue aux yeux clairs, à peine avais-je prononcé trois phrases, qu'elle avait tout saisi.

jeudi 19 septembre 2019

Voyager / vivre : changer de cap



Il y a des voyages comme ça. On part avec une idée et cette idée n'en finit pas d'être contrariée. Rien ne va, rien ne va comme on le voulait, rien ne va plus. On se confronte à une suite d'oppositions incompréhensibles et injustifiées. On s'agacerait presque. On éprouverait presque un sentiment d'échec ou d'impuissance.
Jusqu'au moment où l'on se décide : on se décide à lâcher. On abandonne ce qu'on avait décidé.
Et on retrouve alors son chemin, celui qui conduit chez soi, à travers une route limpide, sous un ciel miraculeusement dégagé. Des sonorités fraternelles, des accents familiers parviennent finalement à nos oreilles. On retrouve les odeurs, les clochers et les champs de mais où l'on courait enfant. Alors, on comprend qu'enfin, on est arrivé.

mercredi 18 septembre 2019

Voyager : fééries dans les îles


Ferry entre Ploce et Trpanj

La jubilation totale (très rare) :
débouler sur le quai et découvrir qu'on nous autorise de justesse à monter.
Le dépit abyssal (rare, mais cela peut arriver) :
débouler juste à l'instant où la porte commence tout doucement à se lever.
Instants de solennité (magiques à pleurer) :
le moment où l'on voit les rives s'éloigner, le moment où l'on voit l'île s'approcher.

mardi 17 septembre 2019

Voyager : le vieil homme et la mer



La petite baie enchantée, sur cette île un peu loin de tout, un peu difficile d'accès, la petite baie a bien changé. Cette année, le pays a battu le rappel comme jamais. Il voulait des touristes, des touristes et encore des touristes pour relancer l'économie. Il fallait faire marcher les affaires. Les aéroports se sont agrandis, les offres diversifiées, ainsi que les compagnies. Les high speed boats relient à présent Dubrovnik à la vieille ville fortifiée en moins de deux heures. Les étrangers attendus sont bien arrivés. Nous avons découvert la ruelle saturée de moteurs et de bruits. Notre logeuse, comme ses voisins, ont construit de nouveaux apartmani. Elle est descendue de sa vieille Seat rouillée avec des lunettes dorées. Elle, que nous avons connue penchée sur son potager, adopte désormais la Ray Ban attitude. Elle s'est dit fatiguée, tous ces étrangers, tous ces logements à nettoyer, tout ce business à faire marcher. Par mégarde, la petite maison de la grand-mère a été louée à des Polonais arrivés la veille. "Sorry sorry", elle nous a proposé le logement construit tout à côté (very modern, very elegant). Comment lui expliquer que nous entretenions, depuis des années, un véritable dialogue avec cette vieille maison de pierre et que les salles de bains en marbre brillant et les faux meubles danois, on n'en a rien à cirer ?
Tous les matins, aux premiers chants des coqs, nous arrivons quasiment en même temps sur la plage. Il porte son râteau sur l'épaule, son rouleau de sacs à la main. Son visage est tanné par le soleil et son regard ne porte jamais loin. Ses gestes sont lents et fatigués. Il doit avoir atteint l'âge d'un repos bien mérité. Mais il doit avoir aussi besoin de compléter ses maigres revenus. Alors, il ratisse un peu les rives. Il entreprend de changer les sacs dans les bacs à ordures régulièrement alignés. Les sacs qu'il change sont bien légers, à peine remplis. En revanche, passablement de plastique, de sachets, d'emballages restent dispersés sur le sable, juste à côté. Il se courbe donc, pour ramasser les canettes, les bouteilles en PET, le verre, que les clapotis viennent lécher.
Il semble las. Il semble résigné. Il n'a pas la force de se révolter, de râler, de pester contre ces immondices abandonnées par des gens prétendument civilisés.  Il répond "dobro jutro" tout en continuant de s'activer. Il a hâte de terminer : les premiers baigneurs vont peu à peu s'installer. Il s'en ira alors s'asseoir au café Maestral boire un café, fumer une cigarette et regarder danser les reflets du soleil sur les quais.
Je reste encore un peu face à la lumière incandescente regarder la mer, m'étonnant de sa douce impassibilité. Je lui envie son apparente sérénité. Nous savons, elle et moi, que des hordes vont bientôt débouler. Un condensé de cris, de joies, de défoulements et d'incivilités. Je sens tourbillonner en moi une rageuse impuissance, quand je pense au vieil homme ridé et à l'Adriatique abusée. Attablés à la buvette enfin ouverte, trois estivants discutent tant bien que mal en anglais : il semblerait maintenant qu'il faille absolument aller visiter le Montenegro. Good places for less euros!

vendredi 13 septembre 2019

Vivre : tout vient à point


Barcelone / parc de Montjuic

Cesser d'insister. Ressasser ne sert à rien.
Abandonner les questions lancinantes.
Laisser la créativité faire son chemin. 
Confier le fruit à sa branche et puis... 
le moment venu, tendre la main.

jeudi 12 septembre 2019

Voyager : suivez la guide


Porte principale / vieille ville / Korcula

Elle s'est mise à quatre pattes devant mon chien éberlué, lui a présenté sa nuque en lui disant : kiss, kiss. Puis, devant l'indifférence totale de l'animal, elle s'est relevée et est repartie avec son clébard, qu'elle appelait Joy, rejoindre son groupe. Elle était entourée d'une demi-douzaine de femmes qui l'écoutaient religieusement, tout en s'efforçant d'imiter sa posture décontractée. Elle portait l'uniforme de sa fonction : un sarouel noir, une brassière violette sur un débardeur assorti. Elle faisait des gestes amples en énonçant ses vérités (sur le paysage, la végétation, la perception des auras et les crèmes à l'aloé vera). Elle adoptait une diction lente et assurée, décrivait dans l'air des arabesques pour montrer combien elle était en phase avec les éléments, combien elle était ancrée dans le présent. Les autres - qui consacraient probablement à ce séjour une partie de leurs congés - buvaient ses paroles, opinaient et suivaient.
Elles avaient passé la matinée à saluer le soleil. Elles partaient révérer la mer et se sont éloignées à pas lents, dans un nuage de propos éclairés ...

mercredi 11 septembre 2019

Voyager : gastronomies minutées


vieille ville / Dalmatie

Les vacances sont des périodes de rupture. Pas question de passer trop de temps à cuisiner, à inventer, à équilibrer. La solution ici est toute trouvée : elle s'appelle "fusilli". Elle se décline en quatre versions : le pot de pesto vert et le pot de pesto rouge (marque B***a, née à Parme et de nos jours parfaitement mondialisée), la recette ultra efficace et simplissime "aglio, olio e peperoncino" (dont je m'étonne toujours que certains restaurants en Suisse la facturent à 25 francs le plat*) et la boîte de sardines au citron confit, agrémentée d'un peu de jus et d'une belle rasade de piments. Sur la table, une bouteille d'huile d'olive de première qualité avec un bon morceau de parmesan non moins respectable, de belles figues vertes et violettes provenant des jardins voisins et ... le tour est joué. A nous la plage et les crapahutages. 

* d'origine napolitaine, elle consiste à mélanger des morceaux d'ail et de piment hachés selon son goût avec de l'huile d'olive et agrémentés de parmesan râpé. Appelée aussi "recette de minuit" en Italie.

samedi 7 septembre 2019

vendredi 6 septembre 2019

Vivre : avec lui


Ligne circonscrite / W. Wegmann/ Arles 2018

Il est solaire. Il est joyeux et souvent facétieux. Il est toujours partant, quelle que soit la proposition. Il est sympathique et il est beau. Souvent les gens dans la rue s'arrêtent pour lui adresser des compliments. Il aime jouer et mordre dans la vie à pleines dents (dans la vie, mais pas seulement). Il est affectueux, doux et tendre. Il a parfois de ces regards touchants, implorants, craquants. Il a presque toutes les qualités... s'il pouvait seulement éviter de se rouler dans toutes les bouses à sa portée...

jeudi 5 septembre 2019

Vivre : à prendre ou à laisser


La Paix et la Force / Allégorie du Bon Gouvernement / Ambrogio Lorenzetti / Palazzo Comunale / Siena

Et pourquoi donc se distancer du jugement des autres quand il nous est défavorable et l'accepter d'un cœur content quand on nous adresse des compliments ? Dans un cas comme dans l'autre, laisser dire et poursuivre tranquillement.


mercredi 4 septembre 2019

Regarder : alt + 1000


Storbreen / Norvège / Klaus Thymann

Linceul / Glacier du Rhône / 2018 / Simon Norfolk et Klaus Thymann

Glacier d'Esmark I, II, III / Norvège / Corey Arnold / 2013

Storbreen / Norvège / Klaus Thymann

Le paysage inondé de lumière forme un immense nuage vert, sur lequel flottent des vaches, des fouines, des pêcheurs et une multitude de montagnes. Si le message scandé est une nouvelle fois terrifiant, les images sont saisissantes de beauté.
Cette année, le festival de photographie alt +1000 se tient à très exactement 1'046 mètres d'altitude, dans la vallée de la Brévine ainsi qu'au Locle. Sur le site du lac des Taillères, l'exposition traite de l'urgence écologique. A la Ferme du Grand-Cachot-de-Vent, les photographies mettent l'accent sur l'humain (avec, notamment, un reportage traitant de Mortelles randonnées au col de Briançon et un ancien reportage de Monique Jacot qui a passé deux mois dans la Sibérie suisse au début des années 1980). Enfin, le Musée des Beaux-Arts du Locle héberge Magnum Montagnes, présentant des reportages de l'agence effectués en haute montagne, et expose également quelques artistes de renom. 
Des cadres merveilleux, intégrant harmonieusement les images judicieusement sélectionnées et placées, où l'on se sent happé en-dehors du temps, dans un univers étonnamment préservé et rassurant, en dépit des appels et des rappels constants.

alt + 1000 / festival de photographie
01.09.2019 - 22.09.2019 / 5ème édition

mardi 3 septembre 2019

Vivre : les mondes parallèles


Sépulture du Christ (détail) / Nicola Pisano / Pinacothèque / Bologne

Certains désirs n'aspirent qu'à être des désirs.
Les réaliser équivaudrait à les faire mourir.
Admettre que parfois nous avons besoin de désirer,
juste pour rêver, pour inventer, pour nous échapper.
Nous portons certes un besoin insatiable d'obtenir,
mais aussi un fol besoin de vivre et de construire
des milliers de vies imaginaires.

lundi 2 septembre 2019

Vivre : la version des faits


Portrait de Guidubaldo di Montefeltro / Raffaello Sanzio / Offices / Florence

Entendu cette expression adorable :
Il entretenait une relation conflictuelle avec le bonheur.
Tellement plus joli que : quel taré ! 
Complètement givré, ce mec-là!

dimanche 1 septembre 2019

Vivre : que changer ?


Polittico (dett.) / Pseudo-Jacopino / Pinacoteca / Bologna

Face à un manque ou une frustration, 
on se retrouve toujours devant la même interrogation :
changer quelque chose en ou quelque chose autour de soi ?
Vaste question. Réponse en mille déclinaisons.