jeudi 31 juillet 2025

Vivre : un monde à l'envers

 
La Soupe / Barcelone 1902-o3 / Picasso / Art Gallery of Ontario / Toronto
 
 
 
 Qu'un retraité se fasse arrêter pour avoir défendu ses idées : une aberration.
Qu'un enfant aspirant à manger se fasse trucider : la fin de la civilisation. 
On marche sur la tête et tous les matins il faut trouver un sens à ces absurdités.
 
 
 

mercredi 30 juillet 2025

Vivre : retrouvailles

 
 

 
Hier matin - ô surprise - il annonçait son arrivée. Bientôt il serait là. Après tant et tant de jours on l'avait presque oublié. 
En percevant ses avants-courriers, on n'osait y croire. C'était comme un vieux souvenir, enfoui tout au fond de notre mémoire, 
comme un ami très cher dont on s'était pris à faire le deuil : le soleil. 
 

mardi 29 juillet 2025

Vivre : oser risquer

 
La Fede / Girolamo del Pacchia / Pinacoteca / Siena
 
tout ce qu'on perd
par pure peur...
 

lundi 28 juillet 2025

Vivre : cause toujours

 
Durant le service / Anna Sophhie Petersen / Fondation Hirschprung / Copenhague

 les donneurs de leçon : curieusement, ce ne sont jamais eux qui nous apprennent quelque chose 

 

dimanche 27 juillet 2025

Vivre : un temps de changements

 
 l'Edilizia, formelle del lato sud del Campanile /
bottega Andrea Pisano / Museo Opera del Duomo / Firenze
 
Tandis que le Chat survolait notre toit avec la grâce d'un funambule et rafistolait ça et là quelques lacunes, son collègue disait les difficultés de travailler depuis la crise du Covid. Un changement progressif dans les attitudes  et les mentalités : exigences, réclamations, expressions d'urgence et de tensions. Peu à peu, sensiblement, les clients voulaient toujours plus, toujours plus vite, contestaient les factures, imposaient leurs horaires. Il racontait son travail au quotidien et décrivait comment, même sur les chantiers, s'est installée l'ère des désaccords. 
 
 

samedi 26 juillet 2025

Vivre : inviter les anges

 
Détail Jugement universel / Fresques sur l'arc monumental de l'église Sant'Agostino /Maestro dell'Arengo /Museo della città / Rimini
 
 
Une saison toute de silences et de désertions, 
de flottements et d'infinies précautions. 
Dans la pénombre, on se penche sur l'eau 
qui palpite - juste avant son frémissement -
se languit des feuilles, appelle leur infusion. 
On boira à petites gorgées la grâce de ces journées. 
 

vendredi 25 juillet 2025

Vivre : consolations

 
Elemosina Santa Elisabetta d'Ungheria (dett.) /Bartolomeo Schedoni / Museo Capodimonte / Napoli
 
Prendre soin de son enfant intérieur ?
Son enfant ? Oui, et parfois même, pourquoi pas,
de son tout-petit, son agnelet, son nouveau-né,
celui dont la vulnérabilité ne cesse de se manifester
qui a tant et tant besoin d'être bercé ? 
 

jeudi 24 juillet 2025

Vivre : le couple dans sa voiture noire

 
Double portrait du comte Preben Bille-Brahe et de sa seconde épouse / 
C.W.Eckersberg / NY Glyptotek / Copenhague
 
Face à la fatuité des gens, comment réagir ? On pourrait émettre des hypothèses, leur chercher quelque excuse ou hausser le ton. Le mieux, c'est encore de les observer, avec une curiosité d'entomologiste. Leur bouche à 8 heures vingt, leur regard distant, leur eczéma récalcitrant. Et penser naturellement au cher Albert en lui laissant le dernier mot : 
 
Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. 
Mais, en ce qui concerne l'Univers,
 je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.  
A. Einstein

mercredi 23 juillet 2025

Vivre : à la traîne

 
A Midnight Blue Silk / Soledad Sevilla / 2018 / Glyptotek / Copenhague / 2024
 
 



 

 
Pas de compte FB, ni X. Aucun achat sur Shein, Temu ou Amazon. Un manque déplorable d'applications. Pas de carte de crédit. Aucun paiement par Twint, Apple Pay, Google Pay. Pour les parcomètres, toujours sur moi un peu de monnaie. Je devrais me méfier : bientôt c'est dans une réserve qu'on va me parquer. 
 
 

mardi 22 juillet 2025

Vivre : évoluer sans s'affoler

 
 

 
Tant et tant de mises à jour et pourtant
le changement pour le changement : 
une illusion de progression 
 
 
 

lundi 21 juillet 2025

Ecouter / Vivre : sons et coïncidences

 
 Pochette avec dessin de l'artiste
 
Je ne connaissais pas Lhasa, et le matin où j'ai entendu une de ses chansons pour la première fois, j'ai été envoûtée par cette poésie forte, portée par une voix dense. Or, il se trouve que, juste quelques minutes auparavant, une phrase de Charles Pépin sur France Inter avait retenu toute mon attention : "Le corps nous rappelle combien notre vie est fragile et combien nous devons prendre soin les uns des autres [...] notre corps nous rappelle à nos limites, à notre finitude". 
 
Lhasa de Sela, chanteuse à la belle plume et à la silhouette menue, est décédée à l'âge de 38 ans en 2010 d'un cancer du sein et le corps d'une de ses sœurs, Ayin, qui était acrobate, a vivement réagi à l'annonce de cette maladie. Sa mère a confié au site d'information LaPresse : "Peu de temps après le diagnostic de cancer de Lhasa, Ayin, qui était une spécialiste du fil de fer, a souffert d’un cavernome - une malformation des vaisseaux sanguins dans le cerveau - qui lui a fait perdre son sens de l’équilibre. Elle a dû abandonner le cirque." 

Ayin s'est reconvertie ensuite vers d'autres équilibres et d'autres harmonies. Elle crée maintenant des parfums. C'est souvent par d'étranges connexions qu'on découvre des trajectoires de vie et les membres de cette fratrie Karam De Sela sont infiniment captivants par la richesse de leur parcours. Issus d'une lignée de migrants, aux origines mexicaines, russo-polonaises et libanaises, élevés en nomades, peu scolarisés durant leur vie bohème mais stimulés à puiser dans toutes leurs ressources, ils se sont tous tournés chacun à sa manière vers l'expression créative. Pour en savoir plus sur leurs histoires fascinantes :
 
La route de Lhasa (1972-2010)  / France Culture / 20.08.2021
 

dimanche 20 juillet 2025

Vivre : compter sur soi

 
Pagamento dei baliatici con denaro / Pietro d'Achille Grogi e Giovanni di Raffaello Navesi / Santa Maria della Scala / Sienne

 Ne demande à personne de te légitimer: 
tu pourrais chercher et chercher longtemps
et revenir bredouille et démoralisée :
c'est à toi et à toi seule d'assurer ta crédibilité.
 

samedi 19 juillet 2025

Vivre : l'été sur son balcon

 
Fiat / album / trouvé sur le net
 
Elle se pose la question : pour avoir le sentiment d'être en vacances est-il nécessaire de partir ?
Non, bien sûr que non. En revanche, pour certains la nécessité d'exhiber qu'on est parti s'impose. 
C'est une question de démonstration: Oui. Mille fois oui. Regardez : je peux partir, moi aussi.
Parfois, on part avec son corps en laissant sa tête à la maison, avec d'insistantes préoccupations.
Quelque chose bloque là-bas, nous prive d'y être, en vacances, et on réalise que dans notre départ
 quelque chose en nous n'a pas suivi. On a cru pouvoir s'échapper, mais tout nous a ramenés ici. 
Les vacances réussies, ce n'est pas forcément une affaires de distance, c'est plutôt un état d'esprit.

vendredi 18 juillet 2025

Vivre : les âges de la vie

 
Visitation / Giotto / Cappella degli Scrovegni / Padova
 
La femme en shorts, énergique, volubile, lançant "Je me sens bien : je n'ai pas l'impression d'avoir soixante ans!" a eu l'air tout étonnée quand je lui ai répondu : "Je comprends : moi-même j'ai toujours le sentiment d'être restée une enfant de six ans." 
C'est pourtant la vérité : à tout instant je pourrais me mettre à construire des cabanes ou jouer à la marelle. Ou encore observer pendant des heures des coccinelles. Je pourrais tout aussi bien être une vieille aux doigts noueux allant fleurir trop de tombes dans un petit cimetière. J'ai tous les âges en moi (et je peux aussi parfois faire mon âge)
 

jeudi 17 juillet 2025

Vivre : confiance et sincérité

 
Madonna con bambino in trono / Vincenzo Foppa / Castello visconteo / Pavia
 
 Comme un goût d'enfance retrouvé :
redonner ses lettres de noblesse à la naïveté. 
 

mercredi 16 juillet 2025

Vivre : donner, encore et encore

 
La marchande de fruits / Anonyme / musée Réattu / Arles

Transmettre ce qu'on a reçu : une évidence.
Par contre donner ce qu'on n'a jamais reçu : 
une superbe preuve d'élégance 
 

mardi 15 juillet 2025

Habiter : une question d'équilibre

 
Retable de Saint Nicolas, Saint Antoine et Sainte Claire / scène latérale
attr. Pere Marçol / Museu de Mallorca / Palma de Majorque
 
Des travaux sur la façade. La première équipe, constituée de trois ouvriers, s'installe sur la terrasse, accepte un café, puis un deuxième, demande à faire chauffer son tupperware pour la pause déjeuner. La deuxième, plus timide ou mieux organisée, est arrivée avec son propre four à micro-ondes, branché dans la prise du garage, accepte les bouteilles d'eau, mais refuse le café. En revanche, par les temps qui courent, toute tranche de pastèque est vivement acceptée. Des travaux dans une maison, c'est un monde remis en question, un navire secoué durant une traversée. Ce sont des corps de métier à coordonner, des ouvriers arrivés en avance, d'autres en route mais impossibles à localiser, des bruits, un peu partout du désordre et des débris, des horaires chahutés et un chien courroucé. Vivement que le bateau retrouve des eaux calmes et recommence à voguer.
 
 

lundi 14 juillet 2025

Vivre : salva res est

 
Athlète (ou coureur) / prov. Villa des Papyrus à Herculanum /Musée archéologique national MANN / Naples
 
 
Se sauver. Oui : décamper, c'est parfois la seule façon de pouvoir se ménager. 

Vivre : Handala

 

 
Le bateau chargé d'aide alimentaire a quitté la Sicile. Sur le pont, une toile blanche avec l'inscription :
Restez silencieux quand les enfants dorment, pas quand ils meurent.
 

dimanche 13 juillet 2025

Voyager : retour à Cherasco

 

Dans les ruelles inondées de silence, les inscriptions peu à peu s'effacent
qui, de quelques nectars ou piquettes, disaient la douce ou folle ivresse. 
 

Le temps paraît plus lent, les pieds se font vacillants sur les cailloux des places.
La vie se déploie imperturbable, indifférente à tout ce qui presse (qui trop agresse).
 
 
Les colombes se déploient au ciel plus bleu que bleu, dansent et laissent leur trace. 
L'ombre et la lumière aux jeux féroces s'amusent, se coursent et se chassent. 
 
 
Les façades ne cessent de ressasser que tout passe. Tout passe...
Dès lors... vis, lentement jouis, ralentis, ralentis, ose la paresse.   
 

Vivre : don du ciel!

 

Orage matinal: un rajout de soleil au soleil
 



samedi 12 juillet 2025

Vivre : Still life / 174

 

 
Juste avant notre départ, un écoulement d'eau sortant d'un boitier électrique dans le living nous a donné des sueurs froides. Quelle était la provenance de cette eau qui semblait remonter d'une des gaines ? Apparemment, comme les voies  du Seigneur, celles de l'électricité sont impénétrables. Elles relèvent du casse-tête. L'électricien appelé d'urgence a identifié l'origine du phénomène dans le système gérant les stores de la terrasse. Par quels chemins l'eau pouvait-elle s'infiltrer dans un angle de la maison et jaillir de bas en haut au centre de la pièce ? Mystère. Rien de dangereux, nous a dit l'homme de métier, prenez juste une pipette pour enlever goutte par goutte le liquide au fond du câble. Nous sommes donc partis au Piémont avec cette mission en tête.
Sur le marché d'un centre historique, on s'est adressés à un quincailler, lequel nous a dit que malheureusement non et nous a dirigés vers un second vendeur, lequel nous a écoutés très attentivement mais, impuissant, nous a parlé d'un magasin bien achalandé quelque part dans la cité médiévale. Une ménagère interrogée nous a indiqué la plus grande quincaillerie du coin, près d'une très belle église du XIVe. Là, le gérant, en compagnie d'un de ses clients, nous a écoutés avec toute la concentration requise. Il n'avait pas ce genre d'objet dans son stock, mais il a suggéré de retourner au centre ville dans la principale pharmacie pour nous procurer une seringue, laquelle, suffisamment étroite pour être insérée dans le tube, pourrait sans doute nous dépanner.
A la farmacia, l'employée nous a pris en charge avec une sollicitude rare. Notre problème d'habitat devait être traité avec sérieux, au même titre qu'un écoulement nasal ou lacrymal. Elle a ensuite puisé dans son étagère coulissante divers modèles et diverses tailles de seringues afin que nous trouvions la plus apte à nous tirer d'embarras. Enfin, au moment de payer, elle nous a demandé 60 centimes pour l'objet ci-dessus.
J'adore ces mondes où l'on sait prendre le temps d'entendre et de résoudre tous les problèmes de l'existence, quels qu'ils soient et surtout quelle que soit leur valeur commerciale.
 

mercredi 9 juillet 2025

Vivre larguer les amarres

 

 
Avec un étrange sentiment de satisfaction et de vide tout à la fois, 
dans la douceur du matin qui invitait à se donner tous les droits, 
fiers de nous - oh oui très fiers - et fatigués - oui, pas mal fatigués -
nous avons embarqué quelques affaires, deux adresses et le chien,
nous avons embrassé du regard les fleurs roses et l'arbre mutilé,
puis avons emprunté le chemin vers la route sans nous retourner.
 

mardi 8 juillet 2025

Vivre : la fille du Sud

 
La natte (détail visage) / Auguste Renoir / Musée Langmatt / Baden
 
Elle relève d'une intervention et dit que dans sa ville, sa maison, son bureau la chaleur mord à 46 degrés. Elle voudrait rouler jusqu'à la mer mais c'est un effort démesuré. Sa voix est claire. A l'écouter, posée, assurée malgré l'adversité, on se prend à rêver: les choses ne pourraient-elles pas être plus simples et sereines au sein de l'humanité ? 
 
 

lundi 7 juillet 2025

Vivre : le charme des choses rudimentaires

 
dans une ruelle à Polignano a Mare
 
 
 
trois fois rien, deux couleurs, un détail, des bouts de ficelle, 
et la vie au soleil nous ensorcelle au détour d'une venelle
 
 

dimanche 6 juillet 2025

Vivre : à reculons

 
Recumbente su centauro / Moitié du IV siècle a.JC / Musée archéologique / Taranto
 
 
Toutes ces choses que l'on dit faites à contrecœur ...
à contrecœur ou... à contre corps ? 
 
 
 
 
 

samedi 5 juillet 2025

Lire : une pastorale sauvage et intime

 

Le berger bulgare (auparavant appelé berger karakatchan) est une race de chien de berger originaire des Balkans et élevée en Bulgarie. C'est une race canine préservée grâce au peuple karakatchan et à ses traditions pastorales. Les bergers bulgares n'hésitent pas à s'attaquer au loup et à l'ours. En Bulgarie, ils sont appelés volkodav qui signifie « égorgeur de loup ». Dans les bergeries, ils ont la queue et les oreilles coupées afin de ne laisser aucune prise aux loups. Il existe aussi en Bulgarie une race chevaline et une race ovine de ce nom karakatchan. [Wikipedia]
Le dernier tome de la tétralogie que Kapka Kassabova a consacré à ses terres d'origines, au sein des Balkans, va bientôt paraître en français. Impatiente de le découvrir, je viens de lire la version italienne. L'écrivaine voyageuse d'origine bulgare domiciliée en Écosse clôt ici son opus en racontant l'histoire des peuples nomades Karakatchan, les derniers bergers qui s'efforcent de sauvegarder les races animales du même nom aux confins de l'Europe, sur les hauteurs du Mont Pirin  Comme à chacun de ses voyages, elle participe de près à la vie quotidienne des personnes et les bêtes et relate ses expériences à leurs côtés avec une extrême délicatesse et une attention affutée. 
Là-haut, tu dois te confronter avec tes démons. Toutes tes peurs émergent, mais tu découvres aussi à quel point tu es coriace. Si vous voulez savoir de quoi vous êtes faits, allez passer une semaine dans la nature. Sans téléphone.
Les chiens de garde sont l'unique espèce sur la terre qui a une triple identité. Ils s'identifient aux chiens, aux humains et aux brebis. Certains de ces chiens sont plus intelligents et loyaux que bien des humains. Toutefois, il y a une autre vérité concernant le monde des bergers : les besoins des animaux passant avant les besoins des personnes. Les bergers comme Sášo sont réellement les derniers gardiens de ces montagnes. [interview donnée à ilboLiv / università di Padova]

Photographie de K.K.
 
  Être berger est une chose simple, mais ce n'est pas un métier pour des gens simples.[p.41]
 
L'auteure suit les troupeaux dans leurs transhumances accidentées, relatant la vie des personnes au gré de leurs progressions, mais s'attachant surtout à décrire leurs chiens, qui deviennent les protagonistes centraux du récit. La vie sur ces hauteurs n'est pas facile et les relations non plus. K.K. progresse lentement dans son récit et celui-ci est à l'image de son voyage : une avancée patiente et obstinée, ayant duré plusieurs mois, tout le contraire des incursions kleenex all inclusive. Il s'agit pour elle tout d'abord d'apprivoiser une petite communauté retirée et sauvage, d'observer les codes et puis, peu à peu, de se faire une place parmi ces êtres marginaux qui vivent aux marges de la civilisation.
 
Photographie de K.K.
 
La lecture peut sembler exigeante car elle suit le rythme de la marche. Le pastoralisme est un art de la patience. Ce qui frappe toujours quand on lit Kapka Kassabova, c'est son incroyable capacité à se fondre dans le monde de l'Autre, à accepter ses logiques, à écouter pour mieux connaître. En plus de sa culture et de son talent d'écriture, elle fait preuve d'une ouverture d'esprit et d'une immense empathie. De ce fait, les gens lui font confiance. Ils l'intègrent dans leur existence et finissent toujours par se raconter car elle est capable d'entendre leurs douleurs les plus  intimes. 
 
On pourrait dire que l'auteure est une poétesse avec une incroyable résistance physique et mentale. On pourrait dire aussi que c'est une "psychogéographe". Dans tous les cas, elle décrit des territoires, des destinées, des êtres profondément marqués par les bouleversements du XXe siècle, les guerres, l'imposition de frontières, le Rideau de fer, les réquisitions, sans compter à présent l'arrivée de nouveaux maîtres décidés à s'emparer des lieux pour mieux les exploiter. 
 
On sent l'écrivaine désireuse de mettre tous ses talents au service de la nature et de sa préservation. On la sent aussi déchirée entre les deux mondes extrêmes : ceux qu'elle parcourt en quête d'authenticité et ceux qui sont définis "civilisés", où l'appelle la partie promotionnelle de son travail (précisons qu'après avoir vécu plusieurs années à Édimbourg, elle s'est établie maintenant dans les Highlands et que cette région fera l'objet de ses prochains écrits).
La Terre nous survivra, mais nous je ne sais pas si nous pourrons lui survivre. Dans notre course pour "sauver la planète" nous sommes seulement en train de faire des choses stupides et néfastes : placer un parc éolien sur chaque colline et électrifier à outrance. Ce n'est pas la Terre que nous voulons sauver de cette manière, mais notre style de vie super urbanisé. [interview sur Lucysullacultura.com]

Photographie de K.K.

 
A paraître en français le 20.08.2025 / éditions Marchialy

vendredi 4 juillet 2025

Vivre : s'équiper pour l'été

 
Statuettes égyptiennes / Museo egizio / Torino
 
Le couple arrive dans le magasin de sport. Elle, nettement plus sportive que son compagnon, lance d'un ton décidé : "Tu vois, le matériel, c'est là-bas, au rayon C." Lui, apparemment moins motivé, la suit en murmurant tout bas : "Connasse..."
 
 

jeudi 3 juillet 2025

Vivre : rejeter les éventuelles éventualités

 
 
La jolie table de chevet qui trônait dans ma salle de bain a décidé de se faire la malle. Elle n'avait plus envie de rester moisir dans cet espace réduit et commençait à pâlir d'ennui. La voici depuis quelques jours qui reprend vie à l'étage supérieur, face à la forêt, souriant aux arbres, exposant son marbre, ravie. Quant à moi, suite à son départ, confinée par la canicule, j'ai décidé d'élaguer. Au fond d'un sac :  trois flacons de shampoings de moyenne qualité, des savonnettes sans grand intérêt, deux peignes de trop, des accessoires oubliés, tant d'objets inutiles qui vont aller se faire voir ailleurs (la piscine est le lieu idéal où les déposer, il y a toujours quelqu'un à dépanner). A la place du petit meuble XIXe se trouve maintenant une tablette épurée, en bois clair, parfaitement zen, pourvue du strict nécessaire. C'est apaisant. C'est élégant. C'est rafraîchissant.
Ce qu'on oublie quand on dit : "pour si jamais" c'est que, justement, ce "jamais" n'arrive... jamais.
 


mercredi 2 juillet 2025

Vivre : des envies de s'envoler

 
 
Paysages maritimes / Paul Ranson / Ass. Amis Petit Palais / Genève
 
Le plein été : ce moment précis où tout invite à s'alléger
 
 

mardi 1 juillet 2025

Vivre : marcher l'été

Femme grecque se disposant à entrer dans son bain / Jean-Joseph Espercieux / Musée Calvet / Avignon

 
 Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.


Sensations / Arthur Rimbaud
 
 
Tous les matins, ôtant mes sandales, sentant avec délices mes pieds chatouillés par les brins, longeant les bassins, slalomant entre les serviettes, je me redresse et je me sens bien. Finies les douleurs, mon dos est une tige, libérée et libre, je foule l'herbe menue, j'avance dans la verdure bleue et je me répète à chaque pas que le plus beau des mois est le mois de juin.