dimanche 11 juin 2023

Voyager : le sens de la continuité

 

 
Il y a des villes, on y va et on sait qu'on y trouvera son bonheur. C'est comme ça. Elles vont à un rythme nonchalant, les voitures suivent les vélos, lesquels doivent mettre leurs roues dans le pas des passants, ceux-ci suivant tout naturellement les besoins de leurs chiens et de leurs enfants. Rien de trop et surtout rien de trop rapide. Ferrare n'a pas encore réalisé qu'on était au XXIème siècle et c'est pourquoi il est si bon d'y déambuler de venelle en ruelle et de place en palais.
 

 

Le temps à Ferrare n'a aucune importance. Il y en aura toujours assez. Personne du reste ne s'y montre pressé et malgré cela, tout se fait. Les gens se présentent à leurs rendez-vous, les livres commandés vous attendent, les trains arrivent et repartent, mais cela semble plus souvent relever du hasard que d'une stricte volonté. Il existe bien sûr dans cette ville des téléphones portables qui fonctionnent, et des trottinettes électriques, et un MacDo bien centré, mais tout cela apparaît comme une série de phénomènes tout à fait secondaires qui se perdent dans l'immensité de la réalité spatio-temporelle.


Ferrare vit au présent avec son passé. Ses rues pavées en galets depuis le Moyen Âge persistent à martyriser le cul des cyclistes, ses édifices affichent la sérénité de vieilles dames qui se fichent d'être ravalées, son château se mire dans ses douves avec dignité, ses recettes culinaires sont depuis la nuit des temps éprouvées. Ferrare laisse venir la modernité et lui accorde sa juste place : une collier de manifestations arrivées d'on ne sait où et donc destinées à passer, comme tout le reste d'ailleurs, comme les vélos, les passants, la vie. Le temps.
 

Si le cas se présente, face à un proche débordé, stressé, épuisé, le seul conseil amical que l'on puisse lui donner serait de partir à Ferrare pour faire le tour des murs en bicyclette, se poser devant la cathédrale pour prendre un ou deux apéros, observer les badauds badauder et les clébards pisser, puis s'attabler dans une bonne osteria et y manger un plat de tortelloni saupoudrés de parmesan. Ce qui est certain, c'est que le terme burn out, à Ferrare, n'a pas encore eu le temps d'arriver.
 

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