mardi 13 juin 2023

Vivre : la poésie d'un lieu

 

C'était un jardin extraordinaire. On aurait pu y passer des heures et des heures, attablés devant les fleurs, en présence d'un livre ou d'un ami, ou même seule, bref, en bonne compagnie.
 
 
 
Sur la façade de la petite buvette, il y avait une montre, une de ces montres qui officient juste pour la forme, juste pour donner le temps. On pouvait s'arrêter là pour se désaltérer, mais aussi pour se sustenter, lire le menu sur différents supports, papier, ardoise, encadrements. Si le gérant était vaguement autiste, ne vous regardait pas, répondait à peine, sa compagne en revanche redoublait de loquacité. A eux deux, ils assuraient une honorable moyenne.
 
 
Dès midi, flottaient parmi les plantes des effluves de sauces et d'épices. On voyait peu à peu les visiteurs du museo s'approcher, par l'odeur alléchés. Tout ce qu'on vous proposait était à tomber. On recevait pour saucer une petite coppia, ce pain ancien, fabriqué ici depuis la nuit des temps, à la qualité nutritionnelle plus qu'incertaine, mais tellement élégant. A la fin du repas, les assiettes immaculées parlaient d'elles-mêmes, évoquaient plaisir et satiété.


C'était un de ces endroits qui rappellent le meilleur de la Renaissance, qui invitent à la lenteur et à la prévenance. Différents murmures et chuchotements flottaient dans l'air, tandis que leurs émetteurs se mouvaient paresseusement. Je n'ai pas tardé à échafauder un plan visant à consacrer d'entières vacances à ce lieu délicieux où j'aurais passé toutes mes journées, allant de banc en chaise et de chaise en poirier. J'aurais emporté chaque jour un livre différent, levant les yeux ponctuellement pour m'absorber dans la contemplation du jardin et de son apaisement.



En quittant le lieu à regret, le dernier jour, j'ai appris qu'il s'appelait :"Il giardino dell'amore". On n'aurait pu mieux le nommer.





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