mardi 28 mai 2024

Vivre : l'espace interstellaire

 Voûte de la chapelle des Scrovegni / Giotto et atelier / Padoue

 
En tant que consommateurs, nous sommes de plus en plus sollicités à disperser des étoiles. Difficile d'y échapper. La moindre commande en ligne, le moindre appel à un prestataire peut donner lieu à une sollicitation : votre avis compte pour nous ! Une sacrée forme de pouvoir accordée au client, quand on y pense. Quel miel pour son ego : s'il peut exprimer des louanges ou alors carrément tacler toute personne qui n'aura pas répondu à toutes ses attentes, serait-il quelqu'un d'important ? Hmm... perturbant....
 
Le fait d'organiser un départ, de recourir à divers services ou prestations hôtelières augmente les demandes. Jusqu'ici j'avais toujours appréhendé le système de manière rationnelle : ne noter que ce qui en vaut la peine et attribuer cinq étoiles aux prestations, aux personnes, aux produits appréciés (sans hésiter à complimenter, car les compliments sont bons à recevoir et aussi à exprimer, l'énergie positive doit circuler). Donner une note moyenne, quand quelque chose d'important a failli (commencer par exprimer le positif de l'expérience, puis énoncer le ou les points à améliorer, en citant des faits et jamais des émotions). Ignorer quand une expérience a été décevante (par chance je ne tombe jamais sur des prestations mauvaises).
 
Petite règle personnelle : ne jamais écrire un avis sur demande. Je n'apprécie pas qu'un commerçant particulièrement souriant me lance un appel à donner une note positive quand je quitte son établissement. De grâce, évitons le racolage. 

Avec les années, je suis devenue de plus en plus restrictive. Je note le moins possible et seulement ce que j'estime excellent ou marquant. D'une part, le fait de donner son avis exige du temps, un temps qui m'appartient et que je n'ai pas envie d'utiliser n'importe comment. D'autre part, ces avis sont nettement plus coercitifs qu'il n'y paraît : utilisés pour contrôler les employés des boîtes concernées, ils sont un outil supplémentaire de pression sur leur travail ou pour diverses manipulations. Hmm... préoccupant...
 
Autre point : les notations censées porter sur une échelle entre 1 et 10 tendraient logiquement à dire qu'une note moyenne oscillerait entre 5 et 6. Eh non! attention ! C'est ce que m'a expliqué un efficace conseiller l'autre jour. Il s'agit de décoder : 8 signifie "mauvais"; 9 "médiocre" et 10 "bon". Intéressant de savoir dans quoi on s'engage quand on pense attribuer un jugement sincère. Les gérants le savent bien : il leur faut toujours se situer entre 9 et 10 pour que leur établissement soit jugé à la hauteur. Un hôtel noté à 8 est estimé de piètre qualité. Hmm... carrément stupéfiant!
 
Enfin, pour terminer, n'oublions pas que les arroseurs sont souvent arrosés : en tant que clients, pas d'illusions à se faire, nous aussi sommes évalués. Une seule solution, en voyage ou dans la vie quotidienne : être respectueux, prêter attention à tout ce qui constitue une information, développer une bonne communication et... oser. Oser les expériences, oser les différences, oser les mésententes, oser la reconnaissance, oser le fait que rien n'est parfait et que c'est parfaitement bien ainsi, puisque l'imperfection, c'est la vie! 
 

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