dimanche 12 mai 2024

Voyager : une résidence de Savoie

 
Ritratto di donna "Antea" / Parmigianino / Museo Capodimonte / Napoli
 
C'est un lieu magique, un peu en retrait, difficile de repérer l'indication pour en trouver l'entrée. On est au XXIe siècle, oui, il y a le Wi-Fi, on pourrait regarder la télé si on voulait. Mais il y a aussi quelque chose d'intemporel, qui rappelle d'autres chuchotements, d'autres parfums, d'autres étés. Le jardin - ou parc, comme on voudra - est protégé par un mur qui s'effondre de-ci de-là, ce qui donne un aspect d'hortus conclusus à l'endroit. On pourrait passer des heures sous les peupliers, à entendre des battements d'ailes ou des crissements de gravier. On pourrait y lire sans être aucunement dérangée. On pourrait aussi se prendre à rêver, ou à se remémorer des bribes inconséquentes du passé. Dans le salon à l'entrée il y a des portraits d'ancêtres austères et en face une déclinaison de verres de pelaverga représentés en vert pomme et encre de Chine noire. Sur le coin d'un buffet, une série de bouchons renversés contenant de minuscules boutures de sempervirens. C'est un lieu paisible où vers seize heures des enfants se permettent plusieurs allers-retours de la cuisine à la terrasse, on dirait qu'ils n'en finissent pas de goûter. Ils s'exercent à faire la roue, se chatouillent, se chicanent et puis repartent se chercher un bol de crème glacée. Je me suis souvent demandé ce qui faisait le charme de ce lieu béni. Je me suis souvent interrogée. J'ai fini par me dire que c'est un lieu totalement privé de vulgarité. Autant dire : une rareté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire