samedi 29 mars 2025

Vivre : délices du Piémont

 

ces deux dernier jours j'ai rencontré : deux jolies poules rousses invitant à dialoguer,
une chambre divine générant des rêves d'une infinie légèreté, un cerisier du Japon
qui pleurait des larmes douces en infinité et un jus de fruits frais qui ravissait le gosier.
il y avait aussi des noisettes comme des bulles naviguant dans leur univers plastifié
et trois moutons tout ronds flottant comme de gros nuages sur leur prairie parsemée.
c'étaient de petites caresses que la vie - qui peut parfois être très crasse - sait prodiguer
 

vendredi 28 mars 2025

Vivre : élucidations

 
de même que trop souvent, ici, on nage en plein brouillard
les éléments nous permettent aussi de faire toute la lumière
 
 
 

jeudi 27 mars 2025

Vivre : confiance en soi

 
Sainte Madeleine / Famille Memmi / Musée du Petit-Palais / Avignon
 
Elle existe, on la porte en soi
et pourtant elle nous lâche 
- la vache -
parfois.
Comment faire
comment garder 
toujours bien ancrée
la foi en nos plans B ?
 
 

mercredi 26 mars 2025

Vivre : sa meilleure ennemie

 
Autoportrait avec Vittoria della Rovere / Camilla Guerrieri / Gallerie Uffizi / Firenze
 
 
A force de tant lire et tant vouloir progresser 
(tous ces effort pour s'améliorer, se réinventer) 
elle décèle dans son miroir les lueurs de l'hostilité.
 

mardi 25 mars 2025

Vivre : certains soirs, les couchers

 

après tant et tant de jours
des heures et des heures à s'interroger
la réponse finit par arriver
 

lundi 24 mars 2025

Voyager : monoculture

 
 
Il faisait frais ou bien il pleuvait. Et quand il faisait beau, il ventait. Une météo fantasque qu'ici on connaît et qu'on a appris à affronter avec écharpes, coupe-vents et bonnets. Mais là-bas, la ville paraissait démunie. Elle affichait le visage froissé de ceux qui ont vécu trop de mauvaises nuitées. Elle ressemblait à une fêtarde qui a trop fêté et se retrouve dégrisée. Elle devenait blafarde, comme sous le coup d'une insulte dont elle ne savait se remettre. Sur les trottoirs dépeuplés, les SDF contrariés fixaient leurs sacs entassés. Un homme sans âge devant les Halles se tenait immobile, tout désorienté. Il a dit non à ma main tendue. Face à tant d'adversité, pas question ce jour-là de quémander, ni d'accepter la moindre monnaie. 
Il fallait bien le reconnaître : en dépit des terres fertiles et des nobles vignobles recouvrant les collines, le territoire dépendait essentiellement de cette monoculture qu'on appelle le tourisme. Et là, les étrangers, découragés par plusieurs semaines de pluviométrie démesurée, semblaient avoir déserté la cité et toutes ses beautés. Le temps n'était pas à la fête. La vendeuse de la chocolaterie nous a lancé en frissonnant : je suis née ici, mais jamais je n'ai vu un pareil printemps
Et pourtant... que les pierres étaient belles! Il y avait d'intenses moments d'ensoleillement, de cette lumière vive qu'on ne trouve que là-bas et qu'il s'agit d'attraper au vol. Des instants magiques à capter comme des lucioles. Alors on s'est posés sur des terrasses et enivrés de Viognier, on a dévalisé des librairies agréablement calmes et visité des musées désertés, on a échangé avec des gardiens disponibles et des promeneurs enchantés. On profitait de cette période unique où tout semble être ailleurs, alors qu'en réalité le présent recèle tout le nécessaire au bonheur.

dimanche 23 mars 2025

Voyager : welcome / 3

 

Le  matin, après avoir suivi ses berges avec le chien, dans le grondement des moteurs pressés de s'en aller tournoyer de Gard en Gard, nous remontions au bord des hautes fenêtres pour mordre dans quelques tartines. Je ne connais rien de meilleur que la confiture qui dégouline entre les doigts tandis qu'un fleuve lent et enjôleur vous enveloppe de sa douceur. Je dégustais le paysage.
 
 
Dans la grande salle où nous étions seuls, nous entendions l'homme grommeler dans sa cuisine. L'homme avait mille raisons de grommeler : la météo qui avait fait fuir les visiteurs, l'exigeante bâtisse qui réclamait encore et toujours des efforts, trop de taxes, trop de choses à faire. Il préparait en grommelant des fruits d'une délicatesse exquise que nous savourions en cherchant sur le grand tableau de Meissonnier la fenêtre qui nous inondait de soleil matinal. Où qu'il se dirigeât, notre regard se perdait toujours dans les eaux tranquilles.
 
 
Le matin, le soir, le midi, le fleuve était toujours là, qui se laissait admirer, longer, effleurer. Immanquablement l'homme finissait toujours par grommeler que le Meissonnier, il aurait fallu le restaurer. Mais trop de choses à quoi penser, trop de travail. L'homme ne voyait plus ni les rives, ni le fleuve, ni la douceur des pastels. Son regard bleu allait se perdre dans ses abîmes, attiré dans son univers intranquille. Il était comme emmuré dans la Tour de Philippe le Bel. Il était seul.