dimanche 1 juin 2025

Vivre : à contretemps

 
Sous la tente / Helen Mac Nicoll / 1914 / Collection privée
 
Depuis mercredi soir, les routes larges ou secondaires sur les axes nord sud / est ouest ont ressemblé à de longs chapelets agglutinés. Les news ont montré ces gros boudins encombrés, mesurés en heures d'attente et d'immobilité. Les aéroports ont connu les habituels retards, en heures de check aller et de stress retour. En revanche, ici, le chemin s'est assagi. Peu de moteurs, peu de bruits, quelques passages, des voix flegmatiques. Quelques rires de gamins délurés, des retrouvailles inopinées et le soleil insistant a absorbé en se couchant les échos de ces rayonnements. Ce sont les moments à contretemps. Les commerçants ont tout leur temps. On redécouvre des villes placides, des badauds nullement pressés, on déniche dans des boutiques chuchotantes des trésors qui font rêver. Sur des marchés éclatants on découvre des fruits au nom charmant qu'on savoure paupières baissées, avec sur la langue un goût d'enfance retrouvée. Dimanche soir, on se retrouvera reposés, radieux d'avoir très peu réalisé, satisfaits de n'avoir pas grand chose à raconter. On entendra les moteurs gronder, les clameurs de la rentrée, mais de loin, de très loin, car on sera encore plongés dans le livre qui nous tient en haleine et qu'il nous tarde de terminer.
 
 

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