mercredi 11 juin 2025

Vivre : still life / 170

 
  
I have a dream
On distingue à peine le divan sous les coupures de journaux.
Je les parcours rapidement du regard. Il y en a en anglais et en islandais, toutes à propos de Martin Luther King, un pasteur noir américain.
- Il se bat pour le droit des Noirs américains, explique Jòn John. Je garde tous les articles qui parlent de lui. Les Noirs ne sont pas libres, tout comme nous. Mais ils ont maintenant une voix qui plaide leur cause.
Il se baisse, lisse les coupures froissées, les remet à leur place, et en lit quelques une en silence. Il remue les lèvres.
- Je rêve d'un monde où chacun aurait sa place, dit-il. 
Miss Islande / Auður Ava Ólafsdóttir / Zulma / 2019 
 

A la page 78, j'ai interrompu ma relecture du lumineux Miss Islande. Moi aussi ces derniers temps je passe mon temps à souhaiter que dans ce monde, chacun puisse avoir sa place : un lieu où se sentir légitimé à ancrer ses racines, à vivre, à travailler pour extraire l'huile de ses oliviers. Malgré les nouvelles du monde plus qu'affligeantes, plus qu'effrayantes : hallucinantes, malgré les lignes rouges franchies depuis longtemps, le rêve est toujours là : que chacun ait droit à sa place. Du reste, seuls les espaces où chacun peut se sentir à sa place m'intéressent. Les exclusions en tous genres m'exaspèrent. Faire place et remettre à leur place ceux qui divaguent et ceux qui suivent ceux qui divaguent est probablement pour l'humanité le défi le plus urgent. Faire place pour des terres qui nourrissent leurs enfants.
 
 
 

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