J'ai découvert Karl Ove Knausgaard par hasard l'an dernier dans une librairie de Berne, alors que je cherchais un roman allemand adapté à mon niveau. J'ai parcouru rapidement les quatrièmes de couverture de ses romans traduits et décidé que c'était "encore" un de ces écrivains qui tournent autour de leur nombril et sont encensés par une critique aussi indulgente envers l'autofiction que par un public sensible à l'air du temps. Donc, j'ai eu un mouvement de rejet : de grâce, pas d'Angot norvégien! A ma sœur, j'ai dit non merci, sans façon.
Sauf que ... début mai, à la librairie Mollat, j'ignore comment, j'ai déposé ce roman sur ma pile. Et ensuite, instinctivement, l'instant d'après, je me suis retrouvée à le commencer sur une terrasse. Et insensiblement, mais totalement, il a fini par me happer, dans les cafés, à mon chevet, dans l'avion. Et je me suis retrouvée complètement accro. J'ai dévoré les quelques 700 pages en trois jours, il fallait absolument que j'en parle autour de moi. Je ne pouvais pas le lâcher. Je me suis efforcée de ne faire aucune recherche sur le net et d'en rester strictement à l’œuvre littéraire. Ainsi naît une addiction...
C'est que le mec sait écrire. Il sait parler du quotidien le plus banal, en fait tout un cinéma, et, petit à petit, nous entrons dans son monde, nous avons envie d'en savoir plus, nous voulons connaître la suite. Comme si nous recevions des nouvelles d'une personne proche, un ami, un alter ego. Au fond, je crois que si on est pris par cette narration, ce n'est pas tant à cause du sujet "Knausgaard", qui ne fait rien pour se poser en héros, ou en antihéros. Il ne raconte rien de spécial, il se décrit juste comme présent dans les actes de sa vie quotidienne. Un individu avec ses aléas, ses doutes, ses hontes, ses déboires. Je crois que si nous "accrochons" à son roman (récit?), c'est parce que nous nous retrouvons dans ce qu'il écrit. Le succès éditorial prend appui sur l'image, la belle gueule un peu ravagée de l'écrivain. Mais notre addiction, elle, tient simplement au fait que nous nous retrouvons dans ce qui nous est raconté avec force détails. Knausgaard, en nous narrant la relation à sa femme, l'émergence du sentiment amoureux, puis la naissance de ses enfants, la vie menée au jour le jour, ne fait rien d'autre que nous parler de nous. Il évoque par effet de miroir, avec précision, notre propre quotidien, les événements courants qui constituent l'essentiel de notre existence.
L'écrivain nous invite à être attentifs. Il nous ouvre les yeux. il nous montre que la vie est un roman. La sienne, la nôtre, celle de tout un chacun. Et il ne tient qu'à nous d'en faire une aventure.
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