jeudi 4 juillet 2019

Vivre : en questions



Eivissa / 2010

Cette impression récurrente d'être encore et toujours en chantier,
malgré les fortifications, malgré les consolidations.
.

2 commentaires:

  1. Coucou ma Dad. Alors que les températures sont de nouveau en train de monter, que les torrents débordent (énormément de pluie dans la région avec tous ces orages...), je viens te rendre visite et ne peux qu'aller dans ton sens. J'ai aussi l'impression d'être...toujours en chantier. Je dis souvent à qui veut bien l'entendre que je cherche la sérénité et que j'aimerais être tranquille dans ma vie. Mais ce n'est jamais le cas. Si un problème disparaît, un autre surgit et il n'y a jamais de calme absolu. Il y a juste des périodes plus calmes ou moins agitées.

    Tu vois, moi qui pensais qu'avec ce nouveau travail, j'allais être plus au calme et bien ce n'est pas le cas. Les entretiens et les formations, les contacts avec les assurés et les partenaires sur le terrain sont intéressants, fructueux, enrichissants... mais la hiérarchie nous annonce des coupes budgétaires depuis quelques semaines. On a eu une première réunion il y a deux semaines pour nous dire que les coupes auraient vraiment lieu... et la prochaine séance est prévue le 21 août prochain et là, on saura (soi-disant) exactement à quelle sauce nous allons être mangés.

    Résultat des courses: aucune stabilité de l'emploi, peu voire pas de reconnaissance du travail effectué par les chefs, heureusement qu'il y a les assurés qui donnent des retours positifs. Alors j'investis plus ailleurs mais j'avoue que le chantier et les échafaudages m'empêchent d'être sereine.

    Il faut donc travailler tous les jours à se dire que vouloir changer les choses est vain. C'est soi-même qu'on change mais pas les autres, ni le système dans lequel nous sommes parfois engluées.

    Du coup, je vais commencer à faire une formation... de maçon. :-)))

    Bises de plaine.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, tant qu'on est dans la course (et même la nuit en rêvant) la vie est un chantier permanent.
    Chère Dédé, je suppose que si je te disais que probablement beaucoup de gens sont dans ta situation et remettent en question le sens de leur travail, ça te ferait une belle jambe ? C'est un fait : quand on est pris dans les rets d'incohérences institutionnelles et de stress divers, on a de la peine à concevoir le sens et l'utilité de ce que l'on fait. On attendrait de sa hiérarchie soutien, encouragements et signes de reconnaissance et on ne les reçoit pas. On se retrouve fatiguée, désabusée certains soirs. Oui, je crois que beaucoup vivent cela. C'est une souffrance réelle et quotidienne. On rêverait d'être un artisan, un ébéniste qui commence le matin avec un plan et des planches et se retrouve le soir avec la table qu'on lui a commandée, qui sera payé pour le prix de son ouvrage et n'aura pas à chercher le sens de ce qu'il réalise, puisqu'il se révèle sous ses yeux au cours de la journée.
    Le système actuel nous demande d'être plus matures encore : il exige de nous d'être nos propres références, de savoir nous donner nos propres signes de reconnaissance. Il exige de voir que la gratitude de nos bénéficiaires est la chose la plus importante, puisque c'est pour eux que nous sommes là. c'est là que se trouve la dignité de nos efforts. Je crois que tu fais très bien ton job, Dédé. Je crois que ce sont les meilleurs/res qui se posent des tas de questions.
    Alors, ce soir, je n'ai pas de réponse, mais je t'encourage et je te félicite, parce que tu le vaux bien!

    RépondreSupprimer