mercredi 10 mars 2021

Voyager : la virtualité

 

Il me faut au moins une fois par jour passer par ICI ou par ICI et regarder, obnubilée, les gens venir et les gens aller. Je leur construis alors des vies, des obligations, des rendez-vous galants ou pas, des histoires plus ou moins alambiquées, je leur invente des cœurs qui battent et des yeux éplorés, je les vois courir pour attraper leur vaporetto et héler sur l'autre rive un ami, ou alors je les imagine rentrer chez eux à pas pressés, harassés par une longue journée, désireux de se cuire des pâtes al dente avant de s'écrouler devant leur télé, tandis que dehors vocifèrent des goélands, et parfois je me dis que, peut-être, sans le savoir, dans un avenir plus ou moins lointain et dans le plus total anonymat, je serai amenée à les croiser, tandis qu'ils continueront de mener leur vie et que moi, je serai en train de la capter  ...
 

 

 

6 commentaires:

  1. Imaginer la vie des gens qui vont et qui viennent. Ton billet m'a réveillé d'excellents souvenirs avec mon père, en vacances, aux terrasses des cafés.
    Nous imaginions ensemble la vie des gens qui déambulent. C'était à celui qui aurait l'idée la plus originale ou la plus farfelue tout en étant plausible avec la personne. On s'amusait à se contredire : — non, non, c'est pas ça, cet homme est plutôt…
    et on riait beaucoup. Ce que j'appréciais c'est qu'on n'était pas vulgaire ou malveillant envers ces gens. Et ça c'était tout à fait mon père… un homme de grande bonté et en même temps de grande rigueur.
    Merci, tu as été l'occasion de me réveiller de bien agréables souvenirs…

    (Les liens ne fonctionnent pas)

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    1. Les vies qu'on imagine aux inconnus qui passent stimulent notre imaginaire, parlent d'eux et surtout parlent de nous. Belle journée.
      PS : oui. Le data center concerné OVH a brûlé hier dans la région de Strasbourg. Gros dommages pour la région.

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    2. Ah ! Évidemment, s'ils sont touchés par l'incendie d'OVH ! Vers la fin du siècle dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer le fondateur d'OVH quand il était étudiant dans l'école d'ingénieurs où était un de mes neveux. Il a fait un sacré chemin le petit étudiant franco-polonais de troisième année ! Comme quoi, même en France,on peut devenir milliardaire en quelques années…

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  2. Lorsqu'il m'arrive de traverser en voiture des villes en pleine nuit ou très tôt le matin et que je distingue par des fenêtres allumées des personnes, je les imagine alors en train de déjeuner, de se préparer pour peut-être aller travailler, je les imagine insomniaques en train de lire ou de regarder la télé, j'imagine leur vie, et cela me touche quelque part.

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    1. Il y a quelque chose de fascinant chez ces inconnus, des ombres, des passants, qu'on aperçoit de loin, dont on ne saura jamais rien. Sans être voyeur, on ne peut s'empêcher d'être intrigué, de leur inventer des vies. Moi, ça m'arrive quand j'occupe pour quelques jours un logement dans une ville étrangère et que j'entr'aperçois les gens se mouvant à travers les fenêtres en face. C'est captivant comme au cinéma et tandis que j'écris je pense à "Fenêtre sur cour" d'Hitchcock. Dans ce film, il a très bien su jouer sur cette fascination qu'on éprouve pour des inconnus.
      Une activité à laquelle il m'est impossible de me livrer au quotidien : je n'ai aucun vis-à-vis, si ce n'est... les busards et les pies!

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    2. Et moi j'ai comme vis-à-vis les oiseaux, les prés, les vaches, et cela me plaît bien ma foi (sourire).
      Belle fin de journée, chère Dad, et un très beau week-end.

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