samedi 6 mars 2021

Vivre : l'importance du tempo

 
Buste d'homme / Martin claude Monot / dépôt du Louvre / MBAA / Besançon
 
Il me raconte qu'il se prépare à plaider. Il a blindé son dossier. Or, le dernier jour, il ne le consacre pas à réfléchir, à peaufiner ses phrases, à réarranger ses arguments. Non, le dernier jour est dédié à la lenteur de sa diction. Parler posément est une manière de se donner le temps (ne pas se laisser surprendre par un nouvel élément, être à même de réfléchir, se permettre d'improviser) et aussi d'aligner contenant et contenu en un tout cohérent. Argumenter lentement devient une manière forte et tranquille de progresser, de convaincre et, peut-être, de gagner.


4 commentaires:

  1. Ayant largement fréquenté le milieu judiciaire dans ma vie antérieure, je pense que 50 % du dossier se joue à la plaidoirie (quand il y a plaidoirie qui dure plus de trois minutes…)
    un pote avocat me disait : la plaidoirie c'est de la cuisine gastronomique. Il ne suffit pas d'avoir de bons produits (un bon dossier) il faut peaufiner la préparation de l'assiette pour la présenter en salle (la plaidoirie).
    Parfois la forme est aussi importante que le fond.
    J'ajouterai l'intensité des silences. Il faut avoir entendu Me Éric Dupond-Moretti, notre actuel ministre de la justice, pour mesurer l'épaisseur de ses silences. Impressionnant sur un jury ! Surtout quand il fixe longuement chacun des jurés dans les yeux !
    Parfois la forme est aussi importante que le fond.

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    1. Tu parlais l'autre jour de la tentation de couper la parole aux bavards. Le bavardage, c'est le contraire de la communication. Bavarder, c'est déverser des mots, sans se soucier de l'interlocuteur. Communiquer, c'est tenir compte du récepteur, veiller à ce qu'il perçoive le message. Un message fait de mots, mais pas seulement, d'attitudes aussi, et de silences, et de tranquille assurance. Oui, je partage ton avis, le fond et la forme ont partie liée. Bon dimanche.

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  2. Bonjour,
    je ne suis pas bon du tout à l'oral, réfléchis et réagis trop lentement et me laisse facilement troubler. Je ne me suis jamais exprimé en public (de plus de quelques personnes amies) et aurais fait un piètre avocat.
    Aussi j'admire celles et ceux qui savent mêler, comme le dit Alain et comme tu le confirmes, le fond à la forme et au silence dans le débat contradictoire.

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    1. Bonsoir, Jean-Claude,
      Oui, il est rare que les gens soient aussi bons à l'oral qu'à l'écrit. On a tous une expression de préférence. Parler en public peut être très intimidant, voire effrayant (selon le nombre de personnes et leur attention bienveillante ou pas) Dans la plaidoirie, d'après ce que j'ai compris, il faut faire appel à plusieurs compétences : une bonne part du travail se fait en amont (préparer le dossier, bien le connaître, bien choisir les témoins appelés) mais... être convaincu, être tacticien, savoir intervenir au bon moment avec les bonnes questions et puis il y a un aspect théâtral (savoir jouer). Beaucoup de comédiens étaient de grands timides qui ont pris des cours de théâtre pour s'en sortir! Un avocat qui plaide est un juriste, mais sans doute aussi un comédien!
      Belle soirée, Jean-Claude!

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