L'autre jour, nous avions entendu Patrice Leconte raconter sa première expérience de cinéaste désastreuse avec Jean Rocheford (lequel refusait de le considérer comme apte à faire du cinéma et l'avait fait virer du tournage par la Gaumont :"Patrice Leconte est un incapable et c'est moi qui vais reprendre la mise en scène!"). Par la suite, ils se sont réconciliés et ont réalisé ensemble une demi-douzaine de films, dont l'inoubliable "Tandem" et l'émouvant "Le mari de la coiffeuse". J'étais admirative de cette souplesse et de cette intelligence émotionnelle.
A. m'a dit : "Ceux qui affirment ne jamais avoir de conflits ne disent pas la vérité : ils esquivent, par conviction, parfois par crainte, parfois par lâcheté. Certains, autre forme d'évitement, s'arrangent toujours pour être du côté du plus fort, de la majorité. Ce qui signifie se planquer, ne pas avoir le courage de ses opinions, hurler avec les loups. Ceux qui affichent leurs absences de conflits comme des preuves d'une qualité morale font en réalité souvent état de leur besoin de conformité."
Des propos qui m'ont fait méditer. "Pas faux, ai-je rétorqué, les conflits sont inévitables en société. L'essentiel est de ne pas en provoquer soi-même par rage, par orgueil ou par avidité. Sans compter les conflits privés d'intérêt, broyeurs d'énergie dans lesquels il s'agit de ne pas se laisser embarquer". J'ai poursuivi : "Les conflits réclament des mots, des explications, des négociations. Ils obligent à argumenter. On ne peut pas aimer tous ceux qu'on rencontre. On ne peut pas toujours être d'accord avec tout le monde. Mais on peut trouver moyen de discuter et finalement de s'entendre. Un conflit surmonté, en ce sens, est peut-être un excellent signe de santé ? N'y a-t-il pas de la noblesse à savoir défendre ses positions sans les imposer ?"
Enfin pour achever cette discussion, on s'est repassé "Ridicule", une œuvre dont il eut été dommage d'être privés pour cause de querelle envenimée...
Heureusement que les conflits existent !
RépondreSupprimerSinon j'aurais jamais eu personne à mes stages sur « la gestion des tensions et conflits » !
;-)
Et je ne parle même pas des conflits avec soi-même !
Le petit secret est d'entrer (et de faire entrer) dans la dynamique positive des tensions avant que cela ne dégénère en conflit?
Étant à la retraite, ce conseil est exceptionnellement entièrement gratuit .
(Ton billet m'a bien plu par sa tonicité et son brin d'humour !)
En ce qui concerne tes conseils gratuits, attention! tu sais ce qu'on dit à propos des conseils : "ce qui est gratuit ne vaut rien" ? Mais entre ce qui se dit et ce qui est, il est vrai qu'il y a un large fossé.
Supprimerah les conflits intérieurs! quand les tensions résident en soi et qu'il faut négocier avec soi-même... reconnaître le bien-fondé d'une position tout en sachant qu'une valeur supérieure à nos yeux doit primer... que de longs moments à zigzaguer dans ses bottes!
Oui, en matière de conflit, rien ne vaut la prévention. L'intuition. Sentir arriver les emmerdes et les tensions et désamorcer, louvoyer pour ne pas tomber dans un piège gros consommateur d'énergie.
La peur du conflit est sans doute aussi néfaste que la recherche d'un conflit à tout prix. Il est bon de savoir choisir ses conflits, les bons, les justes, ceux qui valent la peine (les conflits sont peut-être des sortes de melons qu'il faut savoir humer comme au marché?)
Tous les conflits peuvent-ils être prévenus ?... pas sûr... il y a des positions opposées qui s'affrontent parfois et c'est là que parler, argumenter, savoir respecter et se faire respecter deviennent des compétences fondamentales.
Ce qui est certain, c'est que moins longtemps un conflit dure, et mieux ça vaut pour tout le monde. Un jeune conflit, c'est porteur de promesses. Un vieux conflit, c'est porteur de nuisances et d'ennuis.
Cela dit, cet après-midi, c'est le soleil qui a encore gagné la partie. Beau soleil pourfendeur de brouillard, lequel, bon joueur, se représentera pas plus tard que demain pour remettre en jeu la partie. Belle et lumineuse soirée!