vendredi 8 octobre 2021

Voyager : quitter la ville

 

Quitter la ville dorée a signifié comme à chaque fois éprouver un déchirement au niveau du plexus : la fenêtre donnant sur l'entrée du musée, la cour moussue où se mouraient des feuilles au fond d'un large bassin. Les platanes dansants sur les places, les feuilles griffant les trottoirs. Le chant langoureux des branchages malmenés par le mistral. Le sourire satisfait de Naïma quand elle découvrait le matin que j'avais préparé l'apouing.
Quand nous  l'avons chaudement remerciée juste avant notre départ en la priant de "surtout ne rien changer", la patronne nous a dit : et c'é qu'ici, on est anne Frannece et moi je suis pour faireu les lits à la franneçaiseu, pas avec des couetteu, ici, on a des salongs, ce ne sont pas des laounnege commeu partout ailleureu. 
Puis elle s'est hâtée de commander un taxi pour Madame de..., une habituée qui semblait elle aussi, au moins autant que les chambres, remonter au XIXème et qui devait impérativement être conduite à la gare pour prendre son train de neuveureuquatorze.

 

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