mercredi 12 avril 2023

Vivre : Still life / 128

 

Où que je sois, je me sens à mon aise pour lire et écrire dans mon fauteuil Lafuma Pop up rouge. Pratique, léger, transportable du loft à la terrasse et de la terrasse au jardin. Le hic, c'est que la bande de biais qui ourle son étoffe s'use et déteint rapidement sous l'effet de la lumière et du soleil (la toile du fond a beau être solide, il s'agit bel et bien d'obsolescence programmée). Le plus simple serait de pouvoir se procurer une housse de rechange en cas de besoin. Cependant, autre hic : on ne trouve pas de rechange dans les belles couleurs commercialisées. La première fois, le tissu était devenu si laid et usé que j'ai dû me résoudre à racheter un nouveau fauteuil entier, fâchée toutefois de devoir acquérir les structures métalliques avec joints en élastomère alors que les anciennes étaient en parfait état. L'ancien modèle est allé attendre dans un coin de la cave : impossible de le mettre au rebut.
 
Cette année pourtant les choses ont changé. Plus question de gaspiller des énergies.
Chaque samedi, dans les rayons alimentaires, on voit de plus en plus de gens penchés sur les emballages de viande approchant de la date de péremption et vendue à moitié prix. Les légumes dans le bac "Sauvez-moi" sont de plus en plus prisés et les consommateurs ne sont pas dupes des affiches orange criard signalant que tel produit réapparu sur les étals augmenté de 30% est vendu en promotion avec 20% de rabais. L'inflation galope et les mères de famille, empruntées au moment de faire leurs courses, ne peuvent pas croire aux chiffres officiels de 3,5%.
 
Impossible dans ces conditions d'imaginer un seul instant racheter un fauteuil Lafuma (pas plus que les tristes housses beige, qui sont les seules disponibles sur le marché). Par conséquent, je me suis procuré en mercerie un ruban solide d'un beau rouge pétant et j'ai ressorti ma vieille Elna qui ne rêvait que de reprendre du service. Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ? Les tissus extérieurs qui déteignent sont programmés pour nous faire surconsommer. En fait, par réflexe conditionné, je n'osais pas. Mais les gestes sont revenus instinctivement et mes deux fauteuils dûment ourlés sont prêts à revivre plusieurs saisons et à affronter plusieurs étés.

(Quand ils seront à bout, je me propose de faire un tour au Repair café demander de l'aide pour réaliser l'ensemble de la toile, en rouge, en jaune ou en orange, avec du tissu de qualité. Quoi de mieux que de pouvoir renouveler soi-même son mobilier ?)

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