mercredi 27 décembre 2023

Vivre : still life / 139

 

 
En période de Fêtes, les cadeaux constituent, semble-t-il, une complication. C'est ce que nous apprennent divers médias, évoquant pour certains les difficultés à trouver quoi offrir (un casse-tête épuisant auquel ils répondent par mille suggestions) et pour d'autres des réalités liées à la crise, comme l'explique ce billet de France Inter. 
 
Quelle misère que de devoir échanger des choses et des choses qui ne pourront pas faire plaisir... (une réalité de pays riches appelés à se réveiller tôt ou tard avec une gueule de bois, mais ça, c'est une autre histoire). Offrir par "devoir" et dans un évident "manque de plaisir" n'est-ce pas tout simplement incompatible avec l'idée même d'offrir ? Ne parle-t-on pas simplement de manque d'amour ou d'amour qui ne sait pas se dire ? Ou alors de façades, d'images sociales, de faire-valoir ?

Dans l'idéal, la valeur d'un cadeau ne devrait jamais être liée à une question monétaire. Son estimation devrait tenir à la joie qu'on se procure en donnant et à la joie qu'on éprouve à recevoir. Ces plaisirs-là ne sont liés à aucune sorte d'obligation. Dans l'idéal, l'élan qui pousse à choisir pour quelqu'un d'autre un objet, ou une expérience, pourrait être conçu comme un boomerang de contentement. Dans l'idéal, on se forcerait a minima, surtout s'il est question de Fêtes et de joie.

Et puis, une fois remis à son destinataire, ce cadeau qui nous aura fait tellement plaisir en tant que donateurs ne nous appartient plus. Il s'envole vers sa destinée comme un cerf-volant coloré survolant le grand carrousel de la vie. Apprécié, il trouvera à réjouir. Moins estimé, il pourra se transformer et aller vivre ailleurs une autre trajectoire : être recyclé, être échangé, revendu ou donné. Le pire sort qu'on pourrait lui trouver, c'est de le voir remisé tout en haut d'une armoire. L'inutilité est une condamnation barbare.
 
Pour ma part, j'adore les cadeaux. J'adore l'impulsion qui me porte à les choisir. J'aime aussi beaucoup en recevoir. Même quand ils ne me semblent pas correspondre à mes désirs, le fait qu'on ait pensé à moi me va droit au cœur et je trouve toujours quoi en faire. Je suis persuadée qu'il y a obligatoirement quelqu'un qui les attend quelque part. Un cadeau, dans le fond, ce n'est pas si compliqué : c'est une connexion appelée à se faire.

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