jeudi 1 février 2024

Vivre : au hasard et au crayon

 
Ciclo di San Giorgio / Vittore Carpaccio / Scuola di San Giorgio degli Schiavoni / Venezia
 
Trouvera-t-on jamais les mots pour dire la beauté du monde, parmi les arbres et leurs habitants ? Tandis que nous longions la forêt, où retentissaient les cris de cent oiseaux avenants, nous progressions dans un univers magique et accueillant, quand nous avons soudain perçu un drôle de caquetage provenant du sous-bois. Désagréables piaillements alors qu'on est à l'affut de connections. 
Une oiselle prétendument coach canine s'exerçait à dresser un chien plutôt réfractaire à son enseignement. Sa voix montait dans les aigus et rencontrait force aboiements.  A notre approche, ils ont levé les yeux, on aurait pu croire à un couple en litige contrarié d'avoir été surpris. On ne sait qui de l'animal ou de sa maîtresse montrait le plus les dents. Heureusement, mon clébard, maître en sagesse, est passé droit et souverain, s'est empressé d'aller flairer ailleurs des êtres bien plus intéressants. Rien de plus rare que de ne donner aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance*. Je me suis empressée de le suivre, mon chien si valéryen.
 
*Phrase tirée du texte "Au hasard et au crayon", de Paul Valéry, La nouvelle Revue française, 01.05.1926.

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