lundi 19 août 2024

Vivre : de tout et de rien, mais bien

 
Trois des Sept Arts libéraux / Sandro Botticelli / Le Louvre / Paris
 
Maîtriser le short talk : belle et utile compétence. Dans les transports, dans la rue, dans des files d'attentes, ou lors de dîners où l'on ne sait par quel bout s'approcher. Mais dans le fond, qu'est-ce donc que ce short talk que les Anglais ont si bien su inventer ? La petite conversation. L'échange de banalités ? Ou encore : la capacité de parler de la pluie et du beau temps afin d'éviter des silences gênants (encore qu'actuellement la pluie et le beau temps puissent être des sujets brûlants)? L'aptitude à l'esquive des questions dites "sensibles" et qui pourraient fâcher ? Une certaine audace sociale qui exclurait la timidité ? Que se passe-t-il donc quand on parle de tout et de rien ? Ne serait-ce pas une manière habile de tâter le terrain ? 
Personnellement, j'adore l'expression "meubler la conversation". J'imagine ainsi un vaste espace vide, d'une grande sobriété, où l'on placerait peu à peu quelques mots en guise de mobilier, des bibelots - mais pas trop - destinés à enjoliver. Les goûts et les couleurs étant concernés, on pourrait très vite se retrouver dans des pièces IKEA, ou des salons Louis XVI ampoulés. Selon le décor, on en viendrait très vite à se sentir chez soi. Ou alors à être pris d'une allergie carabinée.
Manier le short talk avec dextérité, dès lors, ce serait être capable de faire dire à l'Autre combien il trouve passionnant ce qui à première vue pourrait nous paraître barbant. Être en mesure d'évoquer la praticité des cuisines suédoises alors qu'on ne cuisine pas, ou de l'élégance des bergères XVIIIe siècle, quand on n'aime que le design danois. Bref, laisser l'interlocuteur aménager les espaces avant de décider si oui ou non on éprouve le désir d'y prendre place.

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