mercredi 7 août 2024

Vivre : still life / 152

 

 
Je l'avoue. J'ai craqué. J'ai signé pour un forfait. Le plus modeste, à prix cassé, juste histoire de ne pas me compliquer la vie à prépayer. Je l'avoue et je n'en suis pas très fière. J'aurais préférer continuer de résister. Mais tout compte fait, je résiste quand même. Pas question d'être dérangée par d'incessantes notifications, pas question de céder aux applicatives tentations ni de l'utiliser comme moyen de paiement. Il m'arrive ainsi de me balader avec un appareil déchargé, de partir en vacances en oubliant mon câble (et en oubliant de demander à l'hôtel de m'en prêter). Il m'arrive aussi plus souvent qu'à mon tour de laisser cette chose sur sa commode (et de très bien pouvoir m'en accommoder). C'est simple : ce smartphone doit être l'appareil le moins sollicité de la planète (il passe son temps à roupiller, ne sert qu'à téléphoner, envoyer des messages de dix mots grand maximum, surfer très modérément et photographier de manière limitée). Il faut vivre avec son temps, mais quel temps ? Je vis justement avec le mien, de temps, et je tiens autant que possible de le ménager. 
Quand je monte dans le métro ou le train et que j'observe autour de moi tant de crânes et de nuques penchés, tous ces yeux occupés à s'occuper, distraits de la réalité qui les entoure, me viennent toujours de drôles de pensées. Je me demande : si maintenant quelqu'un devait se faire agresser, quel serait le réflexe de ces personnes ? Interviendraient-elles pour défendre la victime ou se mettraient-elle à filmer ? Et leur vision, toujours focalisée sur des écrans, de combien a-t-elle baissé, rien qu'en l'espace d'une année ? 
Bref, j'ai signé pour un forfait. Mais on peut pas dire que financièrement ce soit très intéressant. On est très très loin de l'amortissement.

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