César / Musée Arles antique / Arles
Écouter une interview d'Erri de Luca est toujours une délectation. Avant-hier soir, invité à la Vingtième heure, il a évoqué un ami très proche, disparu il y a quelques années déjà, Gian-Maria Testa et il a dit à propos de leur relation : pour connaître quelqu'un, il faut avoir mangé un kilo de sel ensemble (la facétieuse Eva Bester lui a rétorqué : "pas durant le même repas, quand même!"). Cette expression, c'était un dicton que répétait mon grand-père, qu'avait repris à son tour ma mère et que j'ai fait mien depuis longtemps.
C'est vrai qu'il faut du temps, un temps essentiel de partage, avant de pouvoir se dire amis, avant de pouvoir se faire confiance. L'amitié se tisse dans la constance, traverse des turbulences, se construit sur la durée. On est loin des amitiés comptées par milliers, des clics qui valent des claques, des déclarations pathétiques. Cela vaut pour les amitiés, mais aussi pour tout type de relation : c'est au long cours que les gens se révèlent.
Toute de l'interview est un voyage d'une grande profondeur à travers les questions de langue, de justice et de légalité, de vieillissement. Le dernier livre d'Erri de Luca, coécrit avec Inès de la Fressange, s'intitule en italien "L'età sperimentale". L'écrivain explique à Eva Bester qu'il a pu se trouver des modèles dans sa jeunesse, mais qu'il n'en a aucun pour faire face à sa vieillesse. Personne ne l'a préparé à cette étape de sa vie. D'où la notion d'âge expérimental.
Première diffusion en mai 2024. Posologie : réécouter à volonté.
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