Ritratto di giovane uomo / Lorenzo Lotto / Accademia / Venezia
La voix nue d’A. Baricco parlait cette semaine de la
création littéraire, ouverte sur les mille champs d’inspiration
possibles, musique, peinture. Une voix avec un accent italien dense, qui
tutoyait constamment Raphaelle Rérolle, laquelle le vouvoyait obstinément en retour, dans
un bel échange.
Dans ma façon d’écrire, il y a pour simplifier deux périodes différentes dans le travail d’un livre. La première période, est quelque chose que tu ne fais pas à la table, sinon pour des moments de synthèse. Mais sinon tu fais ça chaque minute, chaque heure de ta vie. Tout le long. C’est un peu comme attendre quelqu’un qui arrive. Tu tournes dans ta tête en continuation cette histoire, ce paysage. Et tu attends que ça se forme. Tu dois attendre. C’est comme mettre quelque chose dans le four. Et tu dois attendre. Et tu attends tout le temps.
C’est pour ça que les gens autour de toi te trouvent un peu absent. Parce que tu es là, à faire cette sorte de chasse, avec cette chose-là.
Et puis il y a des moments de synthèse dans lesquels tu te mets à table et tu commence à faire des esquisses. Mais tu recueilles des choses qui sont nées dans ta tête avant. Et ça, c’est la période fantastique. Parce que tu n’écris rien, tu es déjà dedans cette histoire, ce paysage-là. Personne ne sait rien. Et tu es partout. Ça c’est très bien. Ça peut durer des mois ou des années. Et la chose géniale, c’est que dans la tête tu as trois, quatre, cinq livres qui travaillent dans le même temps. Dans la tête, tu as comme des petites usines. J’écris des livres, et parfois ça fait douze ans, quinze ans que j’ai pensé à ça. Donc tu passe dans les petites usines. Tu visites les usines. Et puis tu restes la plupart du temps dans la petite usine qui fait le travail le plus urgent. Mais en effet, tu jette un coup d’œil aussi à la petite usine qui est le roman que tu vas écrire dans douze ans, peut-être.
[Raphaelle Rérolle :
Douze ans, c’est long pour les gens qui vivent avec vous, si
vous êtes absent? ]
Et oui, si j’oublie un fils à l’école, bon, ça c’est compréhensible. Ok, mais enfin, on n’est pas si fous, quand même les écrivains, en général. On a la possibilité d’être de bons pères. Mais le travail, c’est comme ça. Et si tu as un père politicien, c’est pire.
Coucou Dad. Le peu que je lis de cet entretien me parle beaucoup. Quand on a envie d'écrire quelque chose, on y pense tout le temps, en boucle. Parfois on arrive à l'écrire tout de suite et puis d'autres fois, cela prend du temps. La processus d'écriture, de peinture, de création artistique est long. C'est plus long qu'un accouchement. Merci pour ce partage et bonne semaine. Bises.
RépondreSupprimerTu l'as dit : c'est plus long (et peut-être aussi plus tourmenté) qu'un accouchement. J'adore entendre les écrivains parler de leur travail, de leur manière de travailler. Dernièrement, Pennac disait qu'il se faisait une maladie à chaque bouquin! Bonne soirée, chère Dédé, prends bien soin de toi!
SupprimerCela me rassure... et me fait penser au dernier billet que j'ai déposé sur mon blog où je parle entre autres de l'écriture. Arriverais-je un jour à l'écrire ce livre qui est dans ma tête depuis si longtemps ? :-)
RépondreSupprimerah! Françoise, un livre dans ta tête ? alors, je ne peux que t'inviter à suivre l'exemple d'Alessandro, à le faire passer du rang de rêve ressassé au rang de projet, et ensuite de projet à réalisation! Je vais de ce pas aller te lire pour mieux connaître tes désirs d'écriture. Et surtout... n'abandonne jamais! C'est précieux comme l'or, ce besoin d'écrire qu'on porte en soi. D.
SupprimerChère Dad, je te parlais du billet publié sur mon blog : Des mots, des pensées , un blog plus intime que mon blog principal. Si tu ne le connais pas, je t'invite à venir le découvrir. :-)
RépondreSupprimerMerci à toi pour tes mots. Belle journée. Bises.