vendredi 14 octobre 2022

Voyager : arrière-saison, le col

 

A l'aller, au retour, la montagne nous accueillait, un peu rêveuse, un peu détachée, comme éreintée par toutes les visites de l'été. Blanche-Neige lassée de trop d'hommages au charme incertain, elle semblait attendre paisiblement le sommeil qui l'envelopperait jusqu'à l'été suivant. Passez un bon hiver! nous lançaient les tenanciers du dernier café ouvert. On sirotait une dernière fois leur énergique breuvage en observant le lac dans lequel se miraient des contrevents cloutés. On se réjouissait de ces derniers passages, on ralentissait, on se permettait quelques coups de freins (au grand dam de quelques nordiques Européens pressés de rentrer ou alors impatients de revoir la Méditerranée). L'aigle planait, désolé, affamé : plus de marmottes en vue pour son déjeuner. Les cimes se laissaient embrasser du regard. On se sentait attendris, hésitants, étrangement bouleversés, mais le temps était venu de quitter ces lieux, grands maîtres en sérénité.

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